L'ÉTAT ESPAGNOL ET SES OFFICIERS AUX INDES: LE RECRUTEMENT DE LA COUR DES COMPTES DE MEXICO

(1680-1770)

Michel ÉERTRAND Membre de la Section Scientifique

Depuis le XVIe siècle, après les phases de découverte puis de conquête, l'Espagne fut toujours soucieuse de l'efficacité du contrôle qu'elle exerçait sur son empire américain. C'est pour répondre à cette préoccupation qu'elle transplanta outre-Atlantique le système administratif mis en place progressivement autour du roi de Castille tout au long du bas Moyen- Age K Le développement de la bureaucratie en Amérique devint alors une constante de l'histoire coloniale. Toutefois, si en Europe ces administrations furent un des piliers des monarchies absolues, il est légitime de s'interroger sur leur rôle dans l'Amérique espagnole. L'éloignement de la mère-patrie rendait l'administration coloniale et ses serviteurs beaucoup plus autonomes que ne pouvait l'être un officier dans une administration métropolitaine. La formule, transmise par les fonctionnaires coloniaux eux-mêmes, «obedesco pero no cumplo» exprime cette spécificité et le sentiment d'indépendance voire d'impunité. Il semble cependant difficile d'admettre qu'une telle situation se maintint du XVIe au XVIIIe siècles sans grandes variations. Face à une administration qui lui échappait, comment le pouvoir espagnol réagit-il? Si pour certaines périodes la réponse est en partie connue — et notamment pour celle qui correspond au règne du despote éclairé Charles III — on ignore encore beaucoup de ce qu'il en fut avant cette époque phare. De même, certaines catégories de fonctionnaires ont fait davantage l'objet