PROLOGUE REGENERATIONISTE: VALLADOLID, 1897.

Par Carlos SERRANO Membre de la Section Scientifique

Janvier 1 897. Depuis un an, Weyler a remplacé Martinez Campos à Cuba ; il a procédé à la concentration des populations rurales, établi la trocha de Mariel qui devait en finir avec la rébellion dans la province de Pinar del Rio et empêcher ses incursions aux portes de La Havane; mieux, Maceo vient de tomber et, presque unanime, la presse métropolitaine a voulu voir là un coup décisif porté à l'insurrection, peut-être même son arrêt de mort : on chante une victoire qui, un instant, redore le blason terni du gouvernement. Cependant, malgré les nouveaux contingents envoyés à la Grande Antille, malgré la dureté de la répression, les promesses de pacification rapide et les ordres du jour victorieux, la guerre dure et l'Espagne s'épuise. A l'extérieur son crédit est au plus bas comme l'a montré l'échec de l'emprunt international de 1896; à l'intérieur, la crise économique menace. Coïncidence, tactique ou capitulation face aux pressions nord-américaines? En tout cas c'est le moment que choisissent les conservateurs de Canovas pour annoncer qu'on allait doter les Antilles d'un nouveau statut d'autonomie, plus vaste, plus substantiel que celui voté en 1895, après que ces mêmes conservateurs eurent fait échouer le projet décentralisateur et donc trop dangeureux à leurs yeux, du ministre libéral Maura1.

Personne ne fut dupe : pas les indépendantistes cubains qui, après presque deux ans de guerre, se voyaient offrir une nouvelle mouture de réforme administrative — qu'on n'appliquerait qu'aux provinces "pacifiées" — qui les laissait sous la coupe du Gouverneur général et de l'oligarchie coloniale ; pas