SCR UNE HYPOTHESE RÉCENTE
RELATIVE A SOCRATE
Le problème socratique est, dans l'histoire de la philosophie grecque, un problème singulier. Sur l'homme que fut Socrate, sur son action morale et ses vues religieuses, sur ses idées philosophiques, sur son rôle dans la société athénienne du ve siècle, nous possédons, à défaut d'expressions écrites de sa pensée ou d'informations émanant de lui-même, des témoignages aussi considérables par leur abondance que par l'importance propre des témoins, et de plus ces témoignages sont immédiats, ou peu s'en taut. Pourtant l'impression qui s'en dégage est si différente, le Socrate d'Aristophane ressemble si peu au Socrate de Xénophon, de Platon ou d'Aristote, entre ceux-ci la concordance parfaite est si loin de s'établir, que l'historien, à moins d'être tout à fait dépourvu de sens critique, comprend qu'il est au seuil d'une région mystérieuse et hésite sur la route à suivre.
Longtemps l'exploration a cru pouvoir s'en tenir au programme de recherches tracé par Schleiermacher : que peut avoir été, se demandait-on, le Socrate de Xénophon en plus de ce que Xénophon, de son point de vue apologétique, se croit autorisé à nous révéler? Que doit-il, d'autre part, avoir été pour que s'explique et se justifie le rôle que Platon lui fait tenir dans ses dialogues ? De cette conception de la question semblait pouvoir résulter un compromis commode : on pre-
REG, XXIX, 1916, n° 132. !>