COMPTES RENDUS
Il est heureux d'apprendre que les éditions Brepols ont décidé de poursuivre avec H. Atsma et J. Vezin l'entreprise des Chartae latinae antiquiores en lançant une nouvelle et prestigieuse collection dans un format permettant la reproduction à l'identique des documents. Cette collection sera divisée en quatre séries : belgica, gallica, hebraica, hispanica.
L'augmentation rapide de la documentation diplomatique à partir du IXe s. — 346 actes originaux du IXe s., 685 du Xe s., 2576 du xie s. pour la France, selon les chiffres de l'Artem de Nancy — , ne permettant pas de conserver l'ordre chronologique des Chartae latinae antiquiores, les éditeurs ont choisi de commencer par le fonds particulièrement riche et bien conservé de Cluny. Ce premier volume présente donc les fac-similés et les transcriptions diplomatiques des trente premiers documents originaux figurant dans le volume 76 de la Collection de Bourgogne. Les actes sont aussi divers par leur nature que par leurs auteurs : souverains (7), comtes (3), dignitaires ecclésiastiques (2), mais également simples particuliers qui font des donations à l'abbaye et lui transmettent parfois des titres de propriété. Deux actes sont même antérieurs à la fondation de Cluny.
L'édition proprement dite est précédée d'une introduction qui est un modèle de clarté, de concision et d'élégance. Les jeunes élèves de l'École des Chartes devraient l'apprendre par
Cahiers de civilisation médiévale, 44, 2001, p. 379-413.
cœur et je suggère même à quelques paléographes confirmés de s'en inspirer. On retiendra le commentaire de la charte de fondation (n° 4) qui s'attache tout particulièrement aux formules de rattachement direct au Siège apostolique. Même si pour chacune d'elles on peut trouver des précédents à l'époque carolingienne, elles forment un « ensemble original » exprimant la « doctrine que saint Odon a prêchée dans ses écrits. Il n'y a donc pas lieu de suspecter la sincérité de ce document du point de vue textuel » (p. 14), d'autant que l'écriture se rapproche de celle des actes de l'évêque de Tours Théotolon qui avait été moine à Cluny. Il s'agit d'une écriture diplomatique utilisée dans les actes royaux ou comtaux, alors que les actes des particuliers offrent plutôt une écriture mixte ou livresque (v. notamment la donation de l'abbé de Gigny [n° 9]).
Est-il nécessaire de préciser que l'édition offre au lecteur toutes les précisions que peut souhaiter le paléographe le plus exigeant, y compris les marques laissées par la pliure des documents qui permettent de saisir les méthodes d'archivage utilisées au cours des siècles. Les documents sont reproduits grandeur nature, ainsi que les mentions dorsales. On notera enfin que, pour les abréviations, les lettres restituées sont placées entre parenthèses : à l'époque de la saisie informatique cette méthode paraît plus sûre que les italiques utilisées pour les documents en langue vernaculaire.
La seule critique qu'on nous permettra de faire concerne la ponctuation des transcriptions. Elle s'appuie en général sur la ponctuation médiévale, mais introduit des signes de ponctuation supplémentaires qui ne sont pas signalés par une parenthèse ou un autre signe distinct. C'est ainsi que dans le n° 32, à la deuxième ligne, les éditeurs introduisent une virgule entre le nom de
