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Gauthier (C.) et al. (1997). - Pour une théorie de la pédagogie. Recherches contemporaines sur le savoir des enseignants

[compte-rendu]

Année 1999 127 pp. 172-176
Fait partie d'un numéro thématique : Approches cliniques d'inspiration psychanalytique
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GAUTHIER (C.) et al. (1997). - Pour une théorie de la pédagogie. Recherches contemporaines sur le savoir des enseignants. Québec : les Presses de l'Université Laval, 1997.

Parmi les multiples discours sur la professionnalisation de l'enseignement, il y en a un qui affirme que l'enseignement possède une base de connaissances - a knowledge base, selon l'expression anglo-américaine - spécifique et de nature à informer la pratique des enseignants. Celle-ci serait relativement développée, quoiqu'encore incomplète. En tout cas, elle semble suffisamment articulée et nourrie par la recherche pour que l'on procède à des synthèses, des systématisations, et que l'on tente d'y puiser les savoirs de formation professionnelle. Les grandes encyclopédies américaines - les Handbooks et les Yearbooks - sur diverses branches des sciences de l'éducation se présentent comme des synthèses de ce que l'on sait et prétend être de nature à orienter, guider et soutenir la pratique des enseignants. Au cours des années quatre- vingt et quatre-vingt dix, le Holmes Group s'est fait le porte-parole de cette approche et en a fait le fer de lance de la réforme de la formation des maîtres aux États-Unis :

« Les efforts déployés pour réformer la formation des enseignants et la profession doivent commencer par un travail sérieux d'élaboration d'une base de connaissances de la profession et par le développement de moyens par lesquels cette base peut être communiquée... Parmi toutes les professions, l'enseignement est celle qui devrait être fondée sur un noyau solide de connaissances, puisque le développement et la transmission des connaissances y sont au cœur » (1986:63).

Il y a deux acceptions à l'expression base de connaissances. Dans certaines circonstances, elle comprend l'ensemble des savoirs composant une sorte de réservoir dans lequel l'enseignant puise pour répondre aux exigences de la situation concrète qu'il doit gérer. Ainsi, ce réservoir comprend différents savoirs disciplinaires, curriculaires, des sciences de l'éducation, de la tradition pédagogique et des savoirs dits d'expérience. Shulman mentionne les savoirs curriculaires, ceux sur les élèves, sur les disciplines et ceux qui relèvent de la culture générale. Dans d'autres contextes, l'expression « base de connaissances » concerne surtout les savoirs spécifiques à l'action pédagogique/ didactique en classe. Shulman les nomme savoirs pédagogiques de contenu - pedagogical content knowledge ou pck -. Dans son plus récent ouvrage, Gauthier les appelle savoirs d'action pédagogique ; ces savoirs sont du même type que ceux que J.-M. Barbier nomme les savoirs d'action, sauf qu'ils ne se limitent pas à des actions de changement et englobent aussi des actions de maintien de l'ordre et de continuité en classe.

Le développement d'une base de connaissances dans l'enseignement s'adresse à un problème identifié par plusieurs chercheurs depuis longtemps, soit l'absence d'une véritable culture « technique » et partagée dans l'enseignement. On espère qu'ainsi un langage spécialisé se répandra.

Dans la seconde acception, celle centrée sur les savoirs d'action pédagogique, la base de connaissances doit être déterminée à partir de l'analyse du travail enseignant. Elle est donc liée aux conditions réelles de l'exercice du métier, davantage qu'à une vision idéale de celui-ci. Elle permet d'identifier ce qui distingue l'activité pédagogique des autres occupations et le savoir des enseignants de celui du citoyen ordinaire. Elle est aussi utile pour démontrer le rôle primordial de l'enseignant dans l'apprentis- sages des élèves à l'école.

Dans un ouvrage intitulé Pour une théorie de la pédagogie, C. Gauthier et son équipe (1997) abordent cette question d'une base de connaissances pour l'enseignement à partir de la seconde acception de l'expression. Gauthier a analysé une imposante littérature de synthèses (42) portant sur des milliers de recherches empiriques - grosso modo, 4 700 -, pour la plupart américaines et anglo-saxonnes, et conduites dans les classes primaires et secondaires depuis les 25 dernières années. Selon Gauthier, on peut différencier cette littérature en trois grandes catégories allant des recherches menées en classe aux synthèses de synthèses (ou méga-analyses), en passant par les recherches intermédiaires qui se subdivisent en deux types : revues de recherches et synthèses de recherches quantitatives (« best-evidence synthesis » ou synthèses axées sur l'appréciation de la grandeur d'un effet).

L'ouvrage s'ouvre sur une présentation de la problématique d'ensemble où il renvoie dos à dos les idées reçues qui récusent la nécessité d'un savoir pédagogique (« un métier sans savoir ») et celles qui mettent de l'avant un savoir général, scientifique mais sans prise sur la complexité du métier (« des savoirs sans métier »). Gauthier plaide plutôt pour une professionnalisation de l'enseignement fondée sur la reconnaissance d'une base de connaissances comprenant divers savoirs, dont ceux qui l'intéressent particulièrement, les savoirs d'action pédagogique, et pour la nécessaire explicitation de cette base.

Suivent les six chapitres du livre. Le premier présente une perspective historique ; Gauthier y analyse l'évolution de la recherche américaine sur l'enseignement depuis le début du siècle. Celle-ci est découpée en cinq périodes correspondant chacune à une approche principale de la recherche : l'approche des traits de personnalité durant la première moitié du siècle, l'évaluation des méthodes après la Seconde Guerre mondiale, les systèmes d'obser-

172 Revue Française de Pédagogie, n° 127, avril-mai-juin 1999

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