LIEURY (Alain) et coll. - Manuel de psychologie de l'éducation et de la formation. - Paris : Dunod, 1996.

Alain Lieury présente un ouvrage qui aborde, dans cinq parties, un large champ consacré à l'éducation et à la formation : l'apprentissage et la lecture, le calcul et le raisonnement, l'attention et la motivation, l'évaluation, et l'ingénierie didactique. Ce manuel s'adresse naturellement aux étudiants des filières du 1er cycle de psychologie et des sciences de l'éducation mais également à tous les professionnels concernés par la formation (stagiaires d'IUFM, enseignants et formateurs d'adultes).

La première partie est consacrée à la mémoire et à l'apprentissage scolaire. Dans les deux premiers chapitres, les auteurs (Alain Lieury et Bachira Al Faraj-Tomeh) rappellent succinctement les principaux modèles et les principaux concepts utilisés aujourd'hui en psychologie cognitive dans l'étude de la mémoire et du langage. Le dernier chapitre de cette partie est consacré à la lecture. L'auteur (Éric Jamet) parvient, en peu de pages, à faire une synthèse claire et complète de cette activité fondamentale et hautement complexe qu'est la reconnaissance et la compréhension du langage écrit. Le lecteur trouvera en particulier une approche intelligible des récents modèles de reconnaissance des mots (les modèles dits connexionnistes) et une présentation indirecte de l'influence qu'ils ont désormais chez les chercheurs dans leur façon d'appréhender et de conceptualiser cette activité cognitive.

La seconde partie est consacrée au calcul et au raisonnement. Après la description des aspects développemen- taux de l'acquisition de la suite des nombres et du comptage (Mohammed Bernoussi) et une présentation des aspects cognitifs de la résolution de problèmes (Evelyne Cauzinille-Marmèche), les raisonnements en mathématiques sont abordés par l'étude du cas de la proportionnalité. L'objectif principal de l'auteur (Jean Julo) est de montrer comment le fait de résoudre des problèmes permet de construire des concepts, concepts qui pourront dès lors être utilisés pour résoudre de nouveaux problèmes. Ce transfert de connaissances et ses implications sur nos raisonnements est étudié à l'aide d'exemples particulièrement bien choisis. L'auteur nous montre comment notre incapacité à résoudre certains problèmes peut s'expliquer souvent par une récupération en mémoire de « mauvais » schémas de problèmes issus de nos expériences personnelles. Ce constat du lien étroit entre « raisonnement » et « concepts » pose des questions importantes à la didactique relativement, notamment, aux apprentissages conceptuels propres à chaque domaine. Ces questions sont abordées par le biais de « l'éducabilité cognitive » dans le dernier chapitre de cette partie. L'auteur (Jean-

Claude Coulet) se penche en particulier sur l'efficacité de certains programmes d'éducation cognitive (tels que LOGO, les ateliers de raisonnement logique et le programme d'enrichissement instrumental) pour constater la pauvreté de leurs effets au niveau cognitif.

La troisième partie s'attaque à un domaine difficile car encore imprécis dans ses délimitations théoriques : celui de l'attention (Christophe Boujon) et de la motivation (Fabien Fenouillet). Un autre chapitre développe le problème des rythmes des élèves (Christophe Quaireau). L'ensemble des contributions de cette partie permet d'aborder, d'une part, le problème de l'échec scolaire en le rapportant à des données cognitives et, d'autre part, le problème de l'organisation du temps scolaire en le liant aux données de la chronopsychologie. On trouvera dans ces chapitres quelques pistes de réflexion utiles pour des problèmes aujourd'hui à l'ordre du jour.

L'évaluation fait l'objet de la quatrième partie. Michel Huteau montre d'abord la place centrale de ce concept dans les sciences de l'éducation. Il aborde ainsi, conformément à l'utilisation traditionnelle de ce mot, les problèmes classiques de la vérification des connaissances et des acquisitions, de la sempiternelle question de la validité des examens et de la notation devenue objet d'une science, la docimologie. Gérard Guingouain, dans un chapitre dense, se penche sur les pièges de l'évaluation en inscrivant la démarche evaluative dans un champ plus vaste de l'interaction éducative avec ses résonances psychologiques chez l'évaluateur comme chez l'évalué. Face à ces pièges, l'auteur prône une rigueur technique, une méthode et des principes d'action issus de la psychologie sociale cognitive.

La dernière partie, consacrée à l'ingénierie didactique, s'inscrit dans la cohérence des faits rapportés dans la partie précédente. L'entrée dans la pédagogie par objectifs, la préférence donnée à une évaluation « formative » qui intervient en cours d'apprentissage pour remédier aux erreurs, par rapport à une évaluation « sommative » qui se contente d'enregistrer les résultats et de prononcer le jugement et, enfin, le développement d'une culture informatique ont permis le développement de l'Enseignement assisté par ordinateur (EAO). Véritable innovation pédagogique, l'EAO, comme le montre Moïse Déro, est en train de devenir une technologie éducative alternative à l'enseignement traditionnel. Alliée aujourd'hui aux connaissances acquises dans le domaine de la psychologie cognitive et de l'intelligence artificielle - on parle désormais d'Enseignement Intelligemment Assisté par Ordinateur utilisant des systèmes experts -, cette nouvelle technologie éducative est en passe de révolutionner le système éducatif. Comme l'illustre Jean Julo dans le dernier

Notes critiques 1 95