DUBET (François), MARTUCCELI (Danilo). — À l'école. Sociologie de l'expérience scolaire. — Paris : Seuil, 1996. — 361 p.
L'intérêt porté aux acteurs par la sociologie de l'éducation contemporaine a sans doute eu pour effet de disséminer des objets de recherche traditionnellement abordés d'un point de vue plus surplombant. L'ambition de À l'école paraît être de revenir, d'une certaine façon au « système », tout en collant à l'« expérience scolaire ». L'ouvrage est en effet organisé selon la chronologie du cursus scolaire (« À l'école élémentaire », « au collège », « au lycée »). Les lycéens (1), de François Dubet avaient fait apparaître, sous les élèves, des jeunes plus occupés qu'on ne pouvait le penser à définir leur rôle dans une institution devenue incapable de le prescrire a priori. Sa démarche, avec Danilo Martucelli, est ici la même puisqu'il s'agit de revisiter les lieux de scolarisation et de socialisation en s'interrogeant sur leur capacité à mettre en forme la vie de la jeune génération.
De ce point de vue, l'école élémentaire apparaît de prime abord comme l'antithèse exacte des années lycée. Les écoliers y semblent en effet dominés par un très fort souci d'intégration, présent tant dans l'acceptation de la toute-puissance du maître que dans la conformité aux jugements du groupe des pairs. Les adultes contribuent fortement à ce sentiment d'unité organique, puisqu'en- seignants et parents s'accordent sur les finalités de l'école. Les premiers parce qu'ils estiment rester maîtres de la classe où ils parviennent à accueillir l'élève en même temps que l'enfant. Les seconds, toujours attachés à l'école républicaine et à ses fonctions socialisatrices, recherchent globalement un renforcement mutuel des attitudes éducatives.
Certes, s'amorce, entre CP et CM2, un travail de sub- jectivation qui conduit les enfants à une progressive prise de distance. Les injustices des maîtres, les amitiés, les émotions amoureuses, la moquerie des pairs en sont les