Ce livre, issu de la thèse de doctorat soutenue par l'auteur à l'Université autonome de Madrid, ouvrage sérieux, rigoureux et bien construit, est

le premier grand apport espagnol, en parallèle à ce qui s'est déjà fait dans d'autres pays, à la connaissance différenciée de l'activité construc- tive impulsée par les prémontrés. Ceux-ci, conséquence logique de leur propre processus évolutif, sont souvent abusivement marqués par l'impact des formules initiées par les moines blancs de Cîteaux.

Trois parties bien délimitées, bien qu'étroitement liées les unes aux autres, composent cette œuvre. La première traite de la naissance et de la diffusion de l'ordre des prémontrés, en réservant un chapitre à l'examen de leur implantation en Espagne. Celle-ci commence en 1145, trois ans seulement après l'établissement des cisterciens à Sobrado (La Corogne, Galice), leur première maison de ce côté-ci des Pyrénées, avec la fondation dans la région de Valladolid du monastère de la Retuerta. La seconde partie aborde les fondements théoriques de l'architecture des prémontrés et définit ses spécificités, l'analyse typologique de leurs ensembles monumentaux (église, cloître et dépendances annexes), ainsi que la mise en valeur des particularités structurelles des constructions des Espagnols, le tout couronné par l'élaboration du plan type, utopique, d'un monastère prémontré médiéval. Clôt cette seconde partie un paragraphe où il est répondu par la négative à la question de savoir s'il existe une architecture qui puisse être considérée comme prémontrée.

Concernent la troisième partie de ce livre, la plus importante à l'évidence, les monographies des divers monastères qui appartinrent à l'Ordre, indépendamment du moment de leur incorporation, c'est-à-dire en marge du fait que leur affiliation se soit produite au moyen âge (époque privilégiée dans le titre de l'étude, ou à l'époque moderne). À partir de ces présupposés sont analysées par le détail vingt-huit maisons au total (vingt-trois en Castille et cinq en Leôn, la plus grande partie peuplée par des hommes). Précisons qu'au cours de cet examen, appuyé ou complété par une planimétrie modèle, on recueille non seulement les vestiges médiévaux conservés, quelle que soit leur importance (le premier d'entre eux étant sans conteste un monument aussi exceptionnel que Sancta Maria la Real de Aguilar de Campoo), mais aussi les réformes ou additions apportées postérieurement à ces constructions initiales.

Nombreux sont les aspects de ce livre, d'une grande densité, qui mériteraient un commentaire