Plan

Chargement...
Couverture fascicule

La femme savante

[article]

Figure de l'idéologie sexiste dans l'histoire de l'éducation

Année 1990 93 pp. 27-39
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 27

REVUE FRANÇAISE DE PEDAGOGIE

N° 93 octobre-novembre-decembre 1990, 27-40

LA FEMME SAVANTE

Figure de l'idéologie sexiste dans l'histoire de l'éducation

par Nicole MOSCONI

Par ce terme d'idéologie, j'entends précisément, selon la définition d'O. Reboul, une pensée et un discours

lectifs « servant sans le dire à légitimer, de façon apparemment rationnelle, un pouvoir » (2). Si donc on veut porter remède à cette situation, il faut analyser et remettre en question l'idéologie qui sert à l'imposer et à le légitimer. Mais comment faire cette démarche critique ?

Car O. Reboul remarque aussi que ce genre d'idéologie est le plus souvent insaisissable. En effet les idéologies que l'on repère facilement sont les idéologies qu'il appelle « sectaires » (3) : ce sont des idéologies, propres à telle ou telle minorité, qui déprécient ce qui est et prêchent le changement pour combattre le pouvoir établi et imposer le leur ; minoritaires, elles sont constamment soumises à la contradiction et donc contraintes de se structurer et de s'expliciter. Tout autre est la nature des idéologies « diffuses » : complexe de croyances largement répandues qui sert à justifier le pouvoir en place et son immobilité, qui consacre l'état de fait comme « naturel » et « inévitable », ces idéologies sont le plus souvent peu conscientes, peu explicitées et peu structurées. D'où la difficulté de les repérer.

On peut voir là une des raisons qui a longtemps permis de douter que le « sexisme » existe et soit une idéologie, alors que tout le monde s'accorde à reconnaître que le féminisme en est une. D'autre part, on peut considérer que le fait que le discours du pouvoir (le discours masculin) soit tenu aussi par ses propres victimes (les femmes) est une preuve de la « réussite » de l'idéologie sexiste.

Dès lors comment repérer et analyser le sexisme comme idéologie ? O. Reboul nous donne une indication précieuse. L'idéologie diffuse « ne s'exprime que lorsqu'elle est contestée » (4). Il s'agit donc de chercher des circonstances où la contestation a contraint l'idéologie sexiste à s'exprimer. C'est ainsi que j'ai eu l'idée de relire « Les Femmes Savantes » de Molière. Cette pièce remplit la condition énoncée, puisqu'elle est une réponse à la préciosité, ce mouvement d'émancipation intellectuelle et morale des femmes du XVIIe siècle que l'on peut qualifier de « féministe » (5), et face auquel Molière se fait le porte- parole de la majorité antiféministe « sexiste » donc (6).

Je voudrais montrer que cette pièce est un des premiers témoins de l'idéologie sexiste au sens moderne, en ce sens qu'elle produit une forme sécularisée de l'antifé- minisme religieux traditionnel. Molière y exprime et y agence une structure « de croyances se rapportant à certaines idées » (7) qui gardera une grande permanence dans l'histoire ultérieure. En particulier, la référence à Molière constitue un élément très important des débats idéologiques du XIXe siècle sur l'éducation des filles et un point d'appui majeur de l'idéologie sexiste de ce temps. Ainsi la « femme savante » devient-elle cette figure honnie dont on conjure le danger par le ridicule.

27

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw