VAYER (Pierre), DU VAL (Amand), RONCIN (Charles). — Une écologie de l'école. La dynamique des structures matérielles. — Paris : PUF, 1991. — 233 p. — (Coll. L'Éducateur).

Quel est le bon espace pour enseigner ? Ce problème social a inspiré beaucoup d'innovations pédagogiques et continue d'interroger. C'est une question régulièrement posée aux chercheurs par les responsables des constructions scolaires, experts internationaux ou politiques nationaux hier, élus locaux aujourd'hui. Problème social qu'il n'est pas facile de construire en objet scientifique. Les psychologues et les sociologues l'approchent différemment, même si aujourd'hui certaines convergences tendent à se faire jour.

Traditionnellement la psychologie, et spécialement la psychologie expérimentale, a eu tendance à construire le problème en isolant des variables spatiales — la disposition du mobilier, la présence ou l'absence de fenêtres, l'aire ouverte, la couleur des murs... — et en les croisant avec des variables caractérisant des comportements humains : l'agressivité des enfants, les performances en lecture ou en calcul... Ces études aboutissent à des résultats instables, comme l'a montré, par exemple, Carolyn Weinstein dès la fin des années soixante-dix à propos des effets de l'aire ouverte (1), c'est-à-dire que la même expérience répétée selon le même protocole avec d'autres enfants et un autre expérimentateur ne donne pas les mêmes résultats. La conclusion est simple : l'isolement des variables passe à côté de l'essentiel, qui est la dynamique d'une situation. Le tout est plus que la somme des parties. Ce constat a fait évoluer l'investigation psychologique vers des concepts qui lui permettent de saisir la totalité : approches systémiques, puis écologiques. Le premier mérite du livre de P. Vayer, A. Duval et C. Roncin est de présenter la conjoncture scientifique actuelle en ce domaine.

L'hypothèse reste la même qu'auparavant : l'environnement, et spécialement le cadre spatial, peut influer de façon déterminante sur le développement de l'enfant. Mais, grâce à l'approche écologique, la conception de l'influence du milieu sur l'enfant s'est infiniment diversifiée et complexifiée. Ainsi ce livre, en insistant sur l'interaction, phénomène essentiel, passe-t- il en revue l'influence de l'organisation relationnelle du groupe enfantin, de l'adéquation des éléments mobiliers, de la définition des territoires à l'intérieur de la classe, avec toutes les connaissances que nous apporte le développement de la proxémique et de l'ergonomie, la réflexion sur le nombre et la pertinence des objets dans l'action, y compris celle de ces nouveaux objets que sont les ordinateurs ou les caméra-vidéo. Le second mérite du livre est, sur tous ces sujets, de rendre compte avec précision d'expériences récentes.

Ces expériences portent toutes sur les premiers niveaux, de la crèche à l'école élémentaire, et sur une unité particulière et essentielle du monde scolaire, la classe. L'approche écologique liant intimement, par la puissance des interactions, les deux types de variables autrefois arbitrairement croisés, la classe devient un environnement matériel, la salle et son équipement, inséparable de V ensemble de groupes d'enfants qui la composent. Elle permet aux enfants et à leur maître de trouver les repères et les éléments nécessaires pour engager des interactions constructives. La classe ainsi comprise présente des avantages évidents par rapport à tous les autres modes d'organisation. Elle apporte aux enfants les sentiments de sécurité et d'autonomie, condi-