Couverture fascicule

Corin F. Corley. — The Second Continuation of the Old French Perceval. A Critical and Lexicographical Study, 1987.

[compte-rendu]

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, 193 pp. («Modem Human. Res. Assoc. Texts a. Dissert. », 24).

Ce livre est une étude de la Seconde continuation de Perceval (C2) fondée sur un examen de la tradition manuscrite, du vocabulaire, des rimes et de certains éléments stylistiques, à l'exclusion de toute considération portant sur le contenu et l'interprétation. L'étude proprement dite est complétée par un glossaire extrêmement soigné de C2, par une série de corrections apportées au texte de l'édition Roach, enfin par une transcription, dont on verra bientôt l'objet, du début de C2, d'après le ms. L.

La conclusion la plus remarquable à laquelle parvient l'A. est que la Première continuation (Cl) ne s'achève pas, comme on l'a cru et comme l'édition Roach le matérialise, avec les aventures de Guerrehet (section VI de Cl), et avant le retour à celles de Perceval, mais un peu plus loin, au milieu

de l'épisode 5 de C2, à l'endroit précis où s'interrompt le ms. A, dont le modèle ne serait pas allé plus loin : au moment où, profitant du combat de Perceval contre le Chevalier Noir, un chevalier emporte la tête du Cerf Blanc et le brachet de la demoiselle à l'Échiquier magique (v. 10268). Plus précisément, l'ensemble complexe et hétéroclite qu'est Cl serait composé de trois sections ainsi définies par référence au découpage de Roach : 1 . — branche I (Guiromelant) ; 2. — branches II et III (Brun de Branlant et Caradoc), mais sans 111/ 16 (Lai du cor) ; 3. — branches IV- VI (Chastel orgueilleux, Gauvain au château du Graal, Guerrehet), plus 111/ 16, plus C2i (le début de C2 que l'A. rattache à Cl). Le premier élément à avoir été ajouté au Conte du Graal serait la branche I ; le second serait l'ensemble 111/ 16, IV- VI, C2i ; le troisième et dernier (à une réserve près) serait l'ensemble II-III. Enfin, la suite directe de C2, épisode 5 (le dernier épisode que l'A. rattache à Cl) serait C2, épisodes 9 à 35 (le véritable début de C2), les épisodes 6, 7, 8 (Perceval est hébergé par un chasseur, tue un chevalier meurtrier d'un jeune homme et reçoit des indications d'un vieux chevalier) étant interpolés.

Cet ensemble d'hypothèses a la valeur que l'on peut accorder aux attributions fondées sur les habitudes prosodiques et stylistiques des auteurs : fréquence des rimes riches, récurrence d'expressions et de formules, etc.

On conçoit en fonction d'elles l'intérêt que présente la transcription diplomatique des vers 9509- 10404 du ms. L (correspondant aux vers 9457- 10268 du ms. A), sur laquelle se termine le livre. Dès lors que C2i est supposé appartenir à Cl, il est naturel de reproduire jusqu'à la fin de Cl nouvelle manière le texte de L que Roach donne dans l'édition de la rédaction brève (la plus ancienne de l'avis général), mais qu'il interrompt à l'endroit qui marque pour lui la fin de Cl.

Enfin, sur un autre point important, C. Corley apporte une confirmation : comme G. Vial, à l'opinion duquel W. Roach s'était rallié, elle considère que Wauchier de Denain est sans doute bien l'auteur de C2.

Cette étude extrêmement méticuleuse est désormais indispensable à la lecture des Continuations de Perceval. Peut-être aurait-elle mérité d'être éditée comme une annexe à l'édition Roach qu'elle éclaire et sans laquelle il est impossible de la lire.

Michel Zink.