Couverture fascicule

Sandro Sticca. — The «Planctus Mariae» in the Dramatic Tradition of the Middle Ages, 1988.

[compte-rendu]

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, xvii-239 pp.

Ce livre représente un premier pas sur un chemin qu'un grand nombre de savants aimeraient emprunter, mais je suis loin d'être convaincu qu'il réussira à leur donner la confiance nécessaire pour le faire. Comme le dit J.-Ch. Payen dans son avant- propos, S. Sticca s'est lancé dans des domaines peu fréquentés par les romanistes — la liturgie et le latin (et, on pourrait ajouter, le grec) — , et son manque d'expérience laisse planer inévitablement des doutes dans l'esprit du lecteur. Ceci est le gros problème des études comparatistes, et peut-être faudrait-il à l'avenir être à deux ou à trois pour écrire ce genre de livre. Il faut dire aussi que dans le cas actuel S. Sticca n'a pas été bien servi par ses traducteurs. D se peut que la version italienne soit exempte de certaines erreurs et maladresses, mais néanmoins il existe des problèmes, probablement inhérents à un tel travail.

Le premier chapitre nous met clairement sur la bonne voie en exposant les thèses contradictoires sur le rôle possible du Planctus Mariae dans le développement du Mystère de la Passion, celles des sources ou des emprunts tardifs. Dans le deuxième chapitre S. Sticca nous montre le rôle de Marie comme coadiutrix redemptionis à la Crucifixion, fonction qu'il reconnaît être issue de la mentalité de la fin du xie s., totalement absente des écrits des Pères de l'Église. Ici il se base sur le travail de J. B. Carol qui voit l'influence d'Anselme, mais la première manifestation explicite de cette idée serait exprimée par Arnauld de Chartres. Il se peut bien que ce soit vrai, mais le manque d'exemples de l'idée que les auteurs du ve au xie s. se faisaient du comportement de Marie au moment de la

fixion laisse le lecteur sur sa faim. S. Sticca aurait été plus convaincant s'il nous en avait donné un petit échantillonnage. Dans le troisième chapitre, « Le Planctus et la tradition byzantine », S. Sticca nous fournit une documentation plus fouillée pour montrer que la conception d'une mater dolorosa était bien connue à l'Est avant le xie s. On aurait pu s'en douter car la femme du Moyen-Orient semble toujours plus prête à extérioriser ses sentiments que la femme occidentale. Mais, un peu plus de discussion aurait été bienvenu, car un phénomène qu'on serait tenté de nommer «populaire», qui reçoit, paraît-il, sa première consécration liturgique dans un évangile apocryphe, est véhiculé à travers les siècles, de Byzance à l'Occident, par des théologiens. Est-ce un phénomène populaire ou intellectuel ? Vu qu'en Occident le Planctus sera souvent vernaculaire et que dans les Mystères de la Passion il ne jouera pas un rôle dramatique, on aurait aimé voir la question posée. Il est vrai que S. Sticca prend une position générale traditionnelle, c'est-à- dire en latin d'abord, puis en langue vernaculaire, mais d'une part les origines byzantines conduisent à revoir cette position, et d'autre part il est difficile de voir comment le peuple pourrait s'y retrouver quand les théologiens sont capables d'écrire qu'Eve n'a pas cru (se. la parole de Dieu) et qu'elle a cru (se. le serpent).

Des chapitres assez courts sur l'exégèse et le culte mariais nous amènent aux Planctus Mariae et la Compassio Virginis avant d'arriver à la tradition théâtrale. Dans ce dernier S. Sticca démontre pourquoi il faut considérer le Planctus comme une addition aux pièces déjà existantes, mais les liens entre ce genre lyrique et les mystères le poussent à réclamer des études comparatistes de théâtre tout en donnant une sorte de bibliographie commentée des travaux déjà réalisés. Dans ce contexte il est dommage que le livre de R. Wimmer, Latein und Deutsch im Osterspiel, Munich, 1974, et mon article (Latomus, XLV, 1986) sur le rôle de Marie dans le Jeu de la Nativité des Carmina Burana, où j'ai esquissé certaines ressemblances entre celle-ci et des Nativités vernaculaires qui sont absentes des autres Nativités latines, ne soient pas inclus. Il me semble qu'une étude des Jeux de Pâques pourrait être envisagée aussi dans cette perspective. La « priorité » latine n'est souvent qu'un hasard de la survie des manuscrits ou du fait qu'on hésitait à utiliser le parchemin pour des pièces vernaculaires.

Quant au latin cité dans ce livre il faut avouer qu'il y a tant de fautes et de phrases incomplètes qu'on ne peut pas parler de simples coquilles. Un lecteur d'épreuves latiniste aurait amélioré considérable-

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