* , 242 pp. («Transact. Amer. Philos. Soc.», 78/TV).

Si l'on en juge par la quantité des renseignements fournis par E. Mullally pour situer ses analyses, il semble que le public qu'elle vise soit les lecteurs qui découvrent Chrétien de Troyes — voire même la littérature médiévale — pour la première fois. Un tel public de débutants, qu'il s'agisse d'étudiants ou de médiévistes non spécialistes de littérature, trouvera dans cette étude une introduction solide et utile aux quatre premiers romans de Chrétien (le Conte del Graal ayant été écarté en raison de son inachèvement). Le chercheur qui connaît déjà les œuvres de Chrétien et la bibliographie importante que la critique moderne y a consacrée sera moins bien servi par cet ouvrage.

Les quelques prises de position énumérées dans l'introduction pour éviter au lecteur de tomber dans les pièges de l'anachronisme offrent néanmoins un rappel utile pour tous les lecteurs des romans de Chrétien. Insistant sur le rôle de Chrétien de Troyes comme un des premiers inventeurs de la tradition romanesque, E. Mullally recommande au lecteur une « approche négative » (p. 6) qui consiste à mettre en suspens ses attentes, afin de prêter attention à la façon particulière dont Chrétien raconte son histoire. Cette approche doit ainsi permettre de voir comment, dans chacun de ses romans, Chrétien lie ses techniques narratives à une interprétation spécifique du thème traité. La