À propos de la Porta Romana de Milan :
dans quelle mesure la sculpture de l'Italie du Nord
reflète-t-elle certains aspects de l'histoire communale ?
Résumé
Les historiens de l'art utilisent depuis quelque temps l'expression «arte comunale» pour caractériser un phénomène reconnu mais pas encore expliqué : l'apparition de certains sujets et motifs, ainsi que d'un style nouveau dans la sculpture du nord de l'Italie aux xne et xme s. Gomme les cités de cette région connaissent simultanément un développement considérable en différents domaines tels que leurs droits envers un pouvoir extérieur, leur structure administrative, la stratification sociale, l'organisation militaire et l'activité commerciale, est devenu un lieu commun que de considérer certains exemples de la sculpture italienne comme l'expression de ces changements. Il s'agit, par exemple, du bas-relief de Virgile à l'extérieur du palais communal de Mantoue, du puits de Pérouse, riche en allusions sur l'origine de la ville, du tympan de l'abbatiale bénédictine Saint-Zénon à Vérone et des bas-reliefs de l'ancienne Porta Romana à Milan1.
Gomme ces exemples s'écartent de l'iconographie chrétienne traditionnelle, il faut chercher un autre accès pour en déceler le contenu. Mais comment peut-on saisir, derrière l'aspect formel de ces sculptures, leur signification cachée? On peut essayer de les considérer comme des sources qu'il faut questionner au même titre que des documents écrits, et dont les informations, illustrées par les détails, servent à poser de nouvelles questions. Pour voir dans ces réalisations artistiques le reflet d'un développement qui a en réalité de multiples facettes, et pour en saisir le sens, de nombreuses recherches interdisciplinaires sont nécessaires, mêlant le droit, la liturgie, l'histoire ecclésiastique, sociale, économique, militaire, etc. Les bas-reliefs de l'ancienne Porta Romana à Milan peuvent servir d'exemple :
1. Pour une discussion élargie, voir ma thèse présentée à l'Université de Gôttingen en 1991 [à paraître prochainement].