Couverture fascicule

Andreas Sohn. — Der Abbatial Ademars von Saint-Martial de Limoges (1063-1114). Ein Beitrag zur Geschichte des cluniacensischen Klösterverbandes, 1989.

[compte-rendu]

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* , 8°, xxi-398 pp. («Beitr. z. Gesch. des alten Mônchtums und des Benediktinertums. Veroffentl. des Abt-Herwegen-Instit., Maria Laach», 37).

Plus et mieux encore que Corbie, l'abbaye de Saint- Martial a bénéficié du transfert de son fonds de manuscrits à la Bibliothèque du roi, devenue nationale, à Paris. Dans l'Introduction aux études d'histoire ecclésiastique locale de l'abbé Carrière (t. II, 1934, p. 408), Léon Levillain et R.-N. Sauvage pouvaient citer comme modèle, entre autres, le livre de Charles de Lasteyrie L'abbaye Saint-Martial de Limoges... (Paris, 1901). Heureusement, Jacques Chailley pour la musique et Danielle Gaborit-Cho- pin pour l'enluminure ont fait mieux depuis et, tout récemment, Joachim Wollasch et les chercheurs de Munster en Westphalie ont rendu accessibles les apports du nécrologe de Saint-Martial à une histoire clunisienne dont Cowdrey, Tellenbach et Pacaut avaient remodelé les grandes lignes. Cette même année 1989 est paru le travail de Jean- Loup Lemaître dont il est rendu compte ici (Cahiers de civilisation médiévale, XXXIV, 1991, p. 193-194).

L'A. du présent ouvrage est un élève de l'école de Munster, et il a choisi avec sagacité un bon créneau pour observer l'histoire médiévale de l'abbaye : l'abbatiat d'Adémar est contemporain de celui d'Hugues de Cluny à qui il doit son siège, et il est de durée comparable, ce qui n'est pas rien ! Non content d'utiliser les travaux de ses devanciers pour une synthèse solide, l'A. a profité du récent classement du fonds de Saint-Martial aux Archives départementales de Limoges, et aussi de copies modernes trouvées à Paris ; il a ainsi ajouté à sa documentation de base trente-quatre actes inédits dont le premier n'est rien de moins qu'un original de 952. Faute de cartulaire conservé et vu l'édition très sommaire des deux cartulaires de l'Aumône- rie, (fin XIe s.), il était difficile d'en faire davantage.

Les prodromes de la livraison (traditio) de Saint- Martial à Cluny sont convenablement dégagés et l'on voit comment le vicomte, dont le pouvoir local a décru, est dans l'affaire l'instrument du comte de Poitiers, prince territorial ; un renseignement du moine Martin, chroniqueur de Montierneuf, passé inaperçu des historiens de l'abbaye ou des pouvoirs locaux, vient opportunément confirmer cette constatation. La note à l'usage interne qui relate l'intrusion clunisienne (1062/63) est longuement examinée et sa rédaction située entre 1 120 et 1 156 avec de bonnes raisons. L'abbatiat lui-même s'éclaire d'acquisitions diverses — dont les livres — et de livres liturgiques dont le nécrologe n'est pas le moins significatif, comme on a dit. Mais il faut observer que saint Mayeul était fêté à la cathédrale dans le même temps qu'à l'abbaye, ce qui ne sera pas le cas des abbés de Cluny suivants.

Une fois le vicomte éliminé de la triade des pouvoirs locaux qu'il formait au xe s. avec l'évêque et l'abbé, ces deux derniers restaient face à face, et l'abbaye sut profiter du passage à Limoges du clu- nisien Urbain II en 1095 pour obtenir des droits sur la désignation de l'évêque. Mais la première moitié du XIIe s. allait voir ces droits s'estomper, tandis que la fonction de prieur de Saint-Martial fournit un exemple nuancé de la distance prise peu à peu entre l'abbaye et le chef d'Ordre : l'infortuné Ponce de Melgueil avait été prieur de Saint-Martial.

Outre les pièces éditées, il faut spécialement louer la dizaine de belles cartes et la table généalogique des vicomtes qui terminent le volume, la dernière carte illustrant l'itinéraire — assez banal — d'Adémar. Mais on regrette de ne pas trouver quelque part (par ex. p. 57) un plan de Limoges au moins esquissé d'après celui de Bernadette Barrière cité dans la bibliographie : cela eût permis de visualiser la situation réciproque des protagonistes locaux. On peut aussi s'étonner de ce que la Commemora- tio abbatum soit citée ici ou là sous le nom d'Adémar de Chabannes (t 1034), même lorsqu'elle est le fait de ses continuateurs. Enfin, plutôt que sur le décret romain de 1854 concernant le culte apostolique de saint Martial (p. 287), il fallait attirer l'attention sur les termes de « confesseur apostolique » dont use Urbain II en 1096, termes qui n'étaient pas neutres depuis Adémar de Chabannes !

En bref, l'ouvrage repose sur une information étendue et minutieuse et sa présentation fait honneur à son auteur et à ses maîtres. Il fait bien augurer de l'avenir européen de l'historiographie clunisienne.

dom Jean Becquet, o.s.B.