William FOLKESTAD et Joan NILSSON
Les linteaux en batière romans d'Auvergne. Recherche sur la typologie et les origines
Résumé
Le dessin particulier et inutilement ouvragé du linteau en batière1, que l'on trouve communément en Auvergne, se distingue comme l'un des plus intéressants éléments structuraux décorés par des artistes romans. Bien que reconnu depuis fort longtemps comme signe distinctif — au niveau artistique et architectural — des portails romans du centre de la France, il reste cependant très peu étudié. Sa répartition géographique [carte 1] montre qu'il a été largement utilisé entre le ixe et le xme s. C'est essentiellement un phénomène auvergnat qui a fleuri pendant la première moitié du xne s. 2. Si l'on examine individuellement ces linteaux, on peut penser que, dans l'ensemble, ils ne présentent pas un grand intérêt. Pourtant, lorsqu'on les considère comme faisant partie d'un conlinuum artistique et architectural, dont les origines remontent au ixe s. et culminent artis-
1. Ces linteaux ont été définis, à tort, comme étant triangulaires. Voir l'ouvrage de Marcel Aubert, La sculpture française du moyen âge et de la Renaissance, Paris/Bruxelles, 1926, p. 16. Voir aussi Viollet-Le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du xie au xme s., Paris, 1858, t. 1, p. 34. Quelques-uns des nombreux exemples de linteaux en batière trouvés en Auvergne ont été étudiés par rapport aux groupes sculpturaux par Z. Swiechowski, dans Sculpture romane d'Auvergne, Clermont-Ferrand, 1973. Dans cette brève étude des premiers exemples de linteaux en batière, nous n'essayons pas d'établir des chronologies relatives mais tentons plutôt de suggérer des sources stylistiques ou sculpturales et d'identifier les sites où ce linteau était utilisé avant le xne s.
2. L'étendue réelle de l'influence auvergnate n'a jamais été suffisamment étudiée par les historiens de l'art. Cette étude ne peut que servir de brève introduction à ce sujet.
