Couverture fascicule

A. Maya sanchez, éd. — Vitas sanctorum patrum emeretensium. Turnhout, Brepols, 1992, 2 vol. (" Corpus christian. ; series latina ", 116)

[compte-rendu]

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Turnhout, Brepols, 1992, 2 vol., c-130 et 32pp. («Corpus Christian. ; séries latina », 116).

Ces Vitas (sic, c'est une forme de ce latin tardif) furent écrites par un diacre anonyme de Mérida, l'ancien Emerita Augusta, vers les années 633/38. Une partie de sa tradition manuscrite porte quelques additions, œuvres d'un autre diacre de la même ville, Paul, entre les années 672 et 680, parmi lesquelles se trouve la Vita Fructuosi, texte décisif pour la connaissance du riche monachisme wisigothique (c'est sa version primitive. L'éditeur admet la possibilité que son auteur soit celui des Vitas, desquelles dépend la VF, et il assure qu'elle a été écrite à Mérida). Le genre des Vitas est celui des livres de viris illustribus, cultivé par Isidore de Séville et Hdephonse de Tolède, mais cette fois circonscrit au siège métropolitain de son titre et exposé chronologiquement. Cette connaissance directe rend plus vivants les portraits de ses personnages, nous renseignant sur leur vie privée, mais aussi sur le géographie de la ville, phénomène très rare dans la littérature de l'époque, tant en Espagne qu'en deçà des Pyrénées. C'est en cela que son intérêt ne se limite pas au domaine hagiographique.

Les manuscrits des Vitas se trouvent presque en totalité dans le corpus appelé « compilation hagiographique » de Valère du Bierzo, depuis YEmilia- nense 13 (2e tiers du xe s.) et celui de Silos (aujourd'hui partagé entre la Bibliothèque Nationale de Paris, nouv. acq. lat. 2178 et celle de Madrid 822 ; xe ou XIe s.), jusqu'au manuscrit de la Bibliothèque Municipale d'Évreux latin 30 (de l'abbaye bénédictine de Notre-Dame de Lyre, xie s.). Ce sont dix codices que l'éditeur collationne. Celui d'Évreux représente une autre famille textuelle, avec plus d'interpolations et d'additions, des variantes, et même déjà une certaine correction linguistique. La première famille a été copiée surtout à Burgos, La Rioja et Leôn, et l'abondance de ses témoins dénote une certaine diffusion.

La première édition (1633) est celle de Bernabé Moreno de Vargas, historien de Mérida ; elle est très peu différente de celle de Tomâs Tamayo de Vargas (1638), qui est reproduite par Migne (Patro-

logie Latine, LXXX, col. 115-164) et partiellement par les Bollandistes, tandis que celle de Francisco de Bivar (1651) est basée sur un autre manuscrit, de même que celle de Flôrez (Espana Sagrada, xin). C. de Smedt (1884) est déjà plus critique dans son étude, mais la première édition vraiment « critique » est celle de Joseph N. Garvin (Washington, 1946), avec seulement trois manuscrits collation- nés.

Notre éditeur se base sur «la première édition», c'est-à-dire la première famille textuelle, mais en tenant compte de la famille postérieure.

L'apparat des sources (bibliques et hagiographiques) apporte quelque amélioration (par ex. en signalant le Passionaire hispanique) aux anciennes éditions, très valables en ce domaine, même celle de Moreno de Vargas. Celui des variantes a été divisé en deux parties, la première avec les lectures de l'altéra recensio, c'est-à-dire de la version d'Évreux.

Il y a des indices nominum et locorum, auctorum, et verborum et rerum notabilium.

Les Instrumenta lexicologica latina (fasc. 70), série complémentaire du Corpus christianorum, nous offrent, pour les Vitas, la liste alphabétique des formes et leur fréquence (dans l'ordre inverse également), ainsi qu'une concordance, celles de la Vita Fructuosi et des autres additions ayant été éliminées.

Compte tenu de leur insertion dans la tradition hagiographique latine, les Vitas ont connu une certaine diffusion, nous l'avons vu, à l'époque moderne. Mais le mérite de cette édition, très améliorée, réside aussi dans l'apport du corpus à la connaissance de la littérature latine et chrétienne médiévale de la Péninsule Ibérique, très oubliée depuis les ambitieuses compilations des Monu- menta Germaniae Historica en ce vaste domaine.

Antonio Linage Conde.