Oxford, Blackwell, 1993, x-256 pp.

Depuis un siècle, Aliénor d'Aquitaine a dû attirer autant, sinon plus, de biographes qu'aucune autre femme de l'Occident médiéval — ce qui n'est pas très surprenant étant donné la nature et la variété extraordinaire de ses expériences pendant sa très longue vie (de surcroît, abondamment documentée). De princesse régionale, étant enfant, elle devint héritière d'un grand duché, puis, pendant une décennie, reine de France, participant à la désastreuse croisade de 1147, avant de passer les cinquante dernières années de sa vie comme reine d'Angleterre. C'est alors qu'elle donna naissance à de nombreux enfants (dont deux furent rois d'Angleterre, successivement, de 1189 à 1216), jouant un rôle important dans la politique française et anglaise (ce qui lui valut dix ans d'emprisonnement entre 1 173 et 1 183), ainsi que dans la vie culturelle et littéraire de l'époque. Au moment de sa mort, au grand monastère de Fontevraud, en 1204, elle comptait parmi les plus célèbres personnalités de son temps.

L'arrivée d'une nouvelle biographie, due celle-ci à D. D. R. Owen de l'université de St. Andrew, n'est donc pas surprenante. Pas plus que le fait que l'A. vienne d'un pays anglophone. Les biographies anglaises sur Aliénor sont presque aussi nombreuses que celles en langue française, bien que cette femme soit restée plus attachée à son pays natal qu'à l'Angleterre. Toutefois ce biographe se distingue de presque tous ses prédécesseurs par son érudition et par le fait qu'il est spécialiste de cette période. Jusqu'alors, les récits de la vie d'Alié- nor se sont partagés entre généralistes, vulgarisateurs et romanciers ; et le jugement d'E.- R. Labande (lui-même la plus notable des exceptions parmi les biographes, avec son article essentiel, «Pour une image véridique d'Aliénor d'Aquitaine», Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 4e série, 1952, p. 175-233,