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Évolution technique et mutation des genres

éditoriaux.

Le documentaire jeunesse et le livre de poche

La question de l'innovation technique, dans la production éditoriale, acquiert une dimension d'autant plus particulière que nous avons affaire à un objet - le livre si tant est que l'on puisse en parler globalement -, qui est chargé de l'histoire de l'écrit et de ses usages. Dès lors, les innovations techniques visibles aux yeux du lecteur (pour laisser de côté celles qui interviennent dans le processus de production sans que l'objet livre en soit visiblement transformé) portent souvent avec elles un ensemble d'implications quant au statut du livre en question et de son contenu. Ces choix techniques innovants s'inscrivent en effet au sein d'une offre préexistante, car, en matière d'édition, l'innovation radicale n'existe guère que dans les discours promotionnels.

En cherchant à opérer ici une mise en perspective de la question de l'empreinte de la technique sur les contenus, nous proposons de revenir sur deux moments structurants de l'histoire récente de l'édition que sont en France l'apparition et le développement de l'édition de poche et la vague documentaire dont Pierre Marchand, chez Gallimard Jeunesse, a été à l'origine avec ses partenaires anglais, Dorling Kindersley. À partir de ces deux exemples, plusieurs phénomènes et pratiques peuvent être observés qui nous semblent susceptibles de rendre compte, de manière élargie, des interactions à l'œuvre entre les techniques, l'innovation, le contenu, les usages, et les enjeux de légitimité. On s'attachera donc tout d'abord à montrer les effets de la technique sur la conception générale des productions, en mettant en évidence l'idée d'un cycle référence/rupture - innovation. La question de la capacité de la technique à transformer les genres éditoriaux pourra

BERTRAND LEGENDRE

communication & langages - n° 145 - Septembre 2005