Couverture fascicule

Denyse Delcourt. — L'éthique du changement dans le roman français du XIIe siècle, 1992.

[compte-rendu]

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, 170 pp.

À travers la lecture du Tristan de Thomas d'Angleterre, d'Erec et Enide et du Conte du Graal de Chrétien de Troyes, D. Delcourt s'emploie à dégager les modèles qui ont assuré la représentation du changement dans le roman français du xiie s. Largement ouvert à toute la critique récente, l'ouvrage de D. Delcourt vise cependant moins à renouveler la lecture des textes retenus qu'à les éclairer par l'analyse des paradigmes qui président à leurs différentes conceptions du changement. Postulant la

« perméabilité » du texte romanesque « par rapport aux discours environnants», ce travail présuppose un lien étroit entre la caractérisation littéraire du changement et l'ensemble culturel formé par les discours contemporains de l'œuvre de fiction. Fondée sur l'«idée qu'une société (...) fonctionne à partir d'un certain nombre de modèles (...) qui assurent pour elle la définition des concepts» (p. 155) et sur la conviction qu'appartenant à un même «réseau discursif», le littéraire, le philosophique et le théologique s'éclairent mutuellement, l'étude de D. Delcourt ne se veut pas critique des sources ou des influences. Avec M. Foucault {Les mots et les choses, p. 221) elle tient compte du fait que « l'histoire du savoir ne peut être faite qu'à partir de ce qui lui a été contemporain, et non pas certes en termes d'influences réciproques, mais en termes de conditions et d'à priori constitués dans le temps» (p. 155).

L'A. commence par noter qu'à côté de la chanson de geste dont le héros est, comme Roland, marqué par une «identité fixe» (E. Vance), et à côté du roman antique dont, à l'exemple d'Énéas, les personnages sont déterminés par un «futur prophétique » (T. Todorov) et ainsi privés de toute initiative personnelle, s'affirme au xne s. une forme narrative qui valorise le changement et permet à ses héros de connaître une véritable évolution. Rompant avec le monde clos et circulaire de l'épopée (M. Bakhtine) comme avec l'univers du roman antique soumis aux forces inéluctables du destin, l'émergence du roman est liée à une nouvelle conception du temps et de la nature.

Dans son interrogation sur la façon dont le xne s. a conçu le changement (chap. I), D. Delcourt envisage les facteurs qui ont favorisé la formation du « nouveau champ conceptuel » auquel est liée l'apparition du roman. Conscience d'un temps linéaire, humain et terrestre, sécularisation de la nature, redécouverte de VOrganon d'Aristote dont la distinction entre substance et accident conduit à une dédramatisation de la question du changement, débat polémique entre Lanfranc du Bec et Béren- ger de Tours au sujet de la nature du changement qui s'opère dans le mystère de l'Eucharistie, réflexions sur la métamorphose et le récit de conversion, constituent la toile de fond à partir de laquelle D. Delcourt aborde dans les textes romanesques le problème du changement entendu comme «toute modification significative subie par un personnage dans le cours du récit» (p. 5).

C'est d'abord un changement conçu de façon négative et placé sous le double signe de la « passion » et

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