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Uétiquette des vins : analyse d'un objet ordinaire
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Yves Jeanneret et Emmanuel Souchier
CD O)
I
L'étiquette de vin compte au nombre des objets infra-ordinaires - au sens donné par Georges Perec à ce terme2 -, objets vus mais non lus, objets du quotidien supposés insignifiants, mais qui agissent puissamment sur les valeurs que nous partageons comme des évidences, sur le mode d'une pseudo-naturalité. Du point de vue sémiotique, l'étiquette de vin constitue un document au fonctionnement incertain, ce qui en fait une sorte de provocation pour l'analyse. En effet, elle offre un espace de tension entre les règles de l'information contrôlée, qui tend à canaliser les signes en une certification codée3, et les procédés de la rhétorique évocatrice, qui cherche en revanche à déployer les
1 . Les prémices de ce travail ont été présentées dans le VIe Congrès international de sémiotique, Guadajara, Mexique, juillet 1997.
2. G. Perec, L'lnfraordinaire, Paris, Le Seuil, 1989.
3. En France, domaine d'application de l'analyse ici proposée, l'étiquetage du vin est soumis à une codification stricte qui définit, en fonction de la qualité du vin (appellations contrôlées), ce qui peut figurer sur une étiquette, ce qui doit y figurer, ce qui ne peut y figurer et, dans certains cas, les rapports de taille entre les diverses indications.
