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Brinkmann (Wilhelm). — Zur Geschichte der pădagogischen Soziologie in Deutschland

[compte-rendu]

Année 1987 79 pp. 79-80
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REVUE FRANÇAISE DE PÉDAGOGIE N° 79, avnl-mai-juin 1987, 79-103

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BRINKMANN (Wilhelm). — Zur Geschichte der pàdagogischen Soziologie in

Deutschland. — Wùrzburg : Kônigshausen ; Neumann, 1986. — 321 p. (Internationale Pàdagog.k).

Cette Contribution à l'histoire de la sociologie pédagogique en Allemagne peut être lue à différents niveaux. Issue d'une thèse d'habilitation, c'est d'abord une étude remarquablement documentée (en témoignent les 70 pages de bibliographie) sur l'histoire — d'aucuns, ouvrant déjà le débat, diront : la préhistoire — de la sociologie pédagogique en Allemagne dans la première moitié de ce siècle, à travers l'étude de quatre auteurs: Paul Barth (1858-1922), Carl Weiss (1892-1974), Rudolf Lochner (1859-1978) et Karl Mannheim (1893-1947). Pour chacun, Brinkmann donne un bref exposé de la vie et de l'œuvre, dégage sa conception de la sociologie en général, et de la sociologie dans son rapport particulier à la pédagogie, esquisse enfin une appréciation critique de la démarche. C'est l'occasion de redécouvrir un Paul Barth, qu'il ne serait pas injuste de « nommer dans le même souffle que Wilhelm Dilthey et Max Weber » (p. 58), et d'apprendre que Mannheim a manifesté, surtout dans sa dernière période anglaise, un intérêt accru pour l'éducation. On constate d'une façon générale que la sociologie allemande est régulièrement demeurée très sensible à la question pédagogique, sans doute d'abord parce qu'elle a trouvé devant elle une pensée pédagogique qui, depuis Herbart et Schleiermacher, s'était conquis et acquis un domaine culturel autonome.

Plus fondamentalement, l'ouvrage de Brinkmann se présente comme une réflexion sur le concept de « sociologie pédagogique » à partir de sa genèse historique. C'est ainsi qu'il n'hésite pas à rouvrir un débat épistémologique que d'aucuns prétendaient avoir définitivement réglé en faisant de « 1960» la date de naissance d'une « sociologie de l'éducation » enfin « sérieuse », comprenez : débarrassée de toute philosophie et strictement expérimentale. En rappelant à la vie les fantômes ancestraux, Brinkmann — et c'est bien l'une des fonctions de l'histoire des idées — tend à relativiser l'épistémologie actuellement dominante en « sociologie de l'éducation », en montrant que d'autres ont pu et su, dans un passé récent, développer une réflexion fructueuse sur les rapports entre l'éducation et la société dans le cadre d'une autre épistémologie, tout aussi justifiable que l'actuelle. Ces sociologues- philosophes ont la simplicité de mettre sur la table ce que d'autres tendraient à nous refiler par dessous. Comme l'écrivait Eric Weil : « les faits ne se révèlent qu'à la question de l'être libre ; il n'y a pas de faits pour un fait ».

Mais l'ouvrage de Brinkmann montre surtout quel prix doit payer la sociologie si elle veut s'accoler l'épithète pédagogique, à quelle condition elle peut se donner avec la pédagogie un véritable objet qui ne soit pas le pur miroir d'elle-même. Ce qui caractérise en effet la démarche de nos quatre auteurs, c'est qu'en inscrivant l'éducation dans le mouvement de développement d'une société conçue comme « un organisme spirituel mu par une volonté » (Barth), en donnant à l'éducation non seulement des tâches de scolarisation et de socialisation, mais aussi un objectif « d'affranchissement de la conscience et de libération à soi-même » (Weiss), en maintenant le dualisme entre l'individu et la société (Lochner), en situant explicitement l'éducation au service de la démocratie (Mannheim), ils n'hésitent pas à prendre le risque idéologique et à inscrire leur démarche dans une visée plus générale qui s'exprime en termes de fin et d'idéal.

Partant de là, on peut saisir comment la démarche sociologique peut laisser vivre hors d'elle une démarche pédagogique dans son champ épistémologique spécifique, l'une et l'autre renvoyant en définitive à un projet anthropologique qui fonde la diversité des approches. L'exemple de Mannheim montre a contrario que, dès que la sociologie se durcit en « technique sociale », indifférente à ses buts, elle livre l'éducation aux pouvoirs les moins recommandables : c'est ainsi que, selon lui, la

NOTES CRITIQUES

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