Plan

Chargement...

Figures

Chargement...
Couverture fascicule

La criminalisation des migrants

[article]

Fait partie d'un numéro thématique : Délits d'immigration
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 39

Salvatore Palidda

Lo cñminalisation des migrants

u cours de ces dernières années, dans presque toutes les sociétés européennes, les malaises et les problèmes sociaux ont tendu à être perçus et traités de plus en plus comme des problèmes d'insécurité attribués quasi systématiquement à l'immigration dite «clandestine» ou aux jeunes d'origine étrangère. Au-delà de leur manque de fiabilité et de leur caractère biaisé, les données statistiques concernant la production policière et judiciaire montrent que, au cours de ces dix dernières années, la population carcérale a doublé dans presque tous les pays et, en particulier, que dans la population criminalisée et autocriminalisée s'opère une substitution de l'autochtone par l'immigré ou le national d'origine étrangère, voire même une eth- nicisation (ou « racialisation ») de l'action répressive- pénale et de la déviance1. Ceci se traduit par une tendance à la diminution du pourcentage de nationaux et une augmentation de celui des étrangers et des nationaux d'origine étrangère ; la majorité des nationaux qui continuent à faire l'objet de l'action répressive-pénale sont le plus souvent ceux qui sont considérés comme «irrécupérables» (par exemple les multirécidivistes délaissés par toutes sortes de tentatives de réintégration sociale). Ainsi, le sort d'une partie des migrants et des jeunes autochtones d'origine étrangère d'Europe semble se rapprocher de celui des Noirs aux États-Unis. Cependant, dans le cas européen, ce fait semble revêtir des significations différentes. En effet, si d'un côté une forte minorité laïque ou religieuse défend le respect des droits universels ou s'engage dans des actions effectivement humanitaires, les choix politiques et administratifs ainsi que les pratiques des pouvoirs publics locaux, nationaux et européens s'orientent presque systématiquement en sens opposé et s'imposent avec le consensus d'une « opinion publique » qui semble

vent revendiquer davantage d'autoritarisme et de discriminations vis-à-vis du migrant clandestin désigné comme « l'ennemi public numéro un ».

L'un des éléments qui semblent caractériser le mieux la conjoncture sociale et politique depuis plusieurs années, est la croissance de l'action répressive-pénale et donc de l'incarcération2. Ceci semble le résultat de la priorité accordée aux ressources allouées pour faire face à l'augmentation des malaises et des problèmes sociaux entraînée par le développement de l'actuelle dynamique économique et sociale3, aux réponses répressives-

* Cet article reprend en partie les résultats de plusieurs recherches réalisées par l'auteur et par d'autres au cours de ces dernières années sur la criminalisation de la migration, sur les changements dans la gestion de la sécurité urbaine et dans l'action policière et judiciaire (voir bibliographie). En particulier, on y fait référence aux résultats de la recherche menée en Italie et en Grèce dans le cadre du projet MIGRINF-TSER- DGXII-CE, I996-I999 (rapports de S. Palidda, 1998; F. Quassoli, 1998; A. Dal Lago, 1998 [pour l'Italie] ; A. Papantoniou et M. Frangouli, 1998 [pour la Grèce]).

1 -À la suite de divers auteurs (en particulier J. Kitsuse et A. W. Cicou- rel, 1963 ; P. Robert, 1988 ; F. Brion, 1996), rappelons que les statistiques de la criminalité ne mesurent que la production policière. Les choix opérationnels de la police dépendent d'abord des inputs venant de l'autorité politique ; or, aujourd'hui plus que jamais, ces inputs se confondent avec les pressions venant des citadins intégrés qui souvent collaborent activement à l'action répressive visant en particulier la criminalisation de l'étranger. Nombreux sont, à ce propos, les témoignages de policiers et de magistrats recueillis en Italie, et en particulier dans les villes de Florence, Milan, Gênes et de l'Émilie-Romagne (S. Palidda, 1994; 1995; 1996; 1998; 1999; F. Quassoli, 1998, 1999; A. Dal Lago, 1999). Une revue de la littérature européenne portant sur la criminalisation des immigrés a été réalisée en 1980 par J. Costa- Lascoux et F. Soubiran dans Déviance et Société, IV-3, p. 279-302.

2 — Entre autres, voir les travaux du CESDIP et en particulier de P. Tour- nier (1998), ainsi que les travaux réunis par M. Tonry (sous la dir. de), 1997, et l'ouvrage Délit d'immigration. La construction sociale de la déviance parmi les immigrés en Europe, COSTA2-Migration, CE, 1996.

3 - Le risque de cette dérive avait été signalé par P. Bourdieu (1993) dans sa postface à La Misère du monde.

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw