Chronique « industrie » Jacques DE BANDT
IDEFI/LATAPSES/ CNRS/UNSA
LA DYNAMIQUE INDUSTRIELLE OU PRODUCTIVE DU ROYAUME-UNI
Q
ue révèle ou cache l'évolution de la conjoncture britannique du point de vue de la dynamique de son système productif ?
Le Royaume-Uni est un cas d'école, si l'on peut s'exprimer ainsi.
Il a été au cœur des débats sur la déindustrialisation, n'ayant pas réussi à bénéficier du « carré magique » sur lequel reposait la croissance des « trente glorieuses ». Il était déjà tombé en queue de peloton des pays de l'OCDE, en termes de PIB manufacturier par tête, au début des années 1970. Par ailleurs, la révolution thatchérienne a été considérée comme le « remède de cheval » qui, à force de dérégulations, privatisations, libéralisations. . ., devait permettre d'éliminer toutes les rigidités et « mauvaises graisses » du système et lui permettre de retrouver une dynamique réelle.
Il faut évidemment situer ce cas dans son contexte historique. Le contexte est d'abord celui de la « crise de transition » qui, à partir du début des années 1970 allait mettre à mal tous les systèmes productifs, ou peu s'en faut, et tout particulièrement le système britannique déjà fortement exténué. Un contexte fait aussi des deux chocs pétroliers, qui ont par contre permis au Royaume-Uni d'engranger des rentes substantielles. Ils ont été suivis, il est vrai, par le contre-choc pétrolier, ou par deux contre-chocs, si l'on qualifie ainsi la sévère correction actuelle. Le contexte a aussi été fait de l'accélération de l'internationalisation ou de la globalisation, accentuant les exigences en matière de compétitivité. Enfin - cause ou effet, ou simple accompagnement ? - le contexte a aussi été fait (depuis la fin des années 1970) de la formidable explosion des activités, revenus et rentes financières.
Dans une chronique consacrée au Royaume-Uni en 1991, ici même (1), j'étais arrivé à la conclusion que, si le Royaume-Uni avait réussi, dans la
(1) J. De Bandt, « Les systèmes industriels : dynamique, croissance, performances »,
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 85, 3e trimestre 1998 117