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Heinrich Fichtenau. —Lebensordnungen des 10. Jahrhunderts. Studien über Denkart und Existent im einstigen Karolingerreich, 1984, 2 vol. (" Monogr. z. gesch. des M.a. ", XXX/1 et 2)

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HEINRICH FICHTENAU

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Heinrich Fichtenau. — Lebensordnungen des 10. Jdhrhunderts. Studien ûber Denkart und Existent im einstigen Karolingerreich. Stuttgart, Hiersemann, 1984, 2 vol., ix-614 pp. ( « Monogr. z. Gesch. des M.a. », xxx/1 et 2).

Le Xe s. a lontemps eu mauvaise presse. Au siècle des Lumières, le cardinal Baronio a vu en lui le « secolo di ferro » du moyen âge et cette image négative s'est maintenue presque intacte dans l'historiographie courante — française tout au moins — jusqu'au début de ce siècle. Il suffit de se reporter aux pages étonnantes que lui a consacrées Augustin Fliche en 1916 dans son petit volume sur les « Prégrégoriens » pour y trouver rassemblés tous les stéréotypes dont on l'a accablé : siècle de crise politique avec l'effondrement de l'Empire carolingien et les dernières vagues d'invasions ; de crise sociale avec la montée de 1' « anarchie féodale » ; de crise religieuse et morale surtout, où la désagrégation générale des structures de l'Occident s'incarne dans la figure emblématique de l'infâme Marozia et dans la « pornocratie pontificale » régnant sous Jean XII. C'est à un renversement complet de ces propositions que l'on a assisté depuis les années 30. Dans un ouvrage justement célèbre, Gerd Tellenbach a, dès 1936, bien souligné la vigueur et les permanences de la « Weltordnung » caro- lingienne-ottonienne jusqu'au milieu du XIe s. Au même moment et suivant une périodisation comparable, Marc Bloch a, de son côté, présenté une vision dynamique et positive d'une époque à laquelle il a attaché le concept de « premier âge féodal ». A partir de ces vues d'ensemble stimulantes, de nombreuses recherches ont renouvelé les perspectives. Citons, pour faire bref, les travaux pionniers de Jan Dhondt sur la naissance des principautés territoriales, ceux de Roberto S. Lopez sur la « renaissance du x* s. » et ceux de Cinzio Violante sur l'Italie du Nord à l'époque pré-communale. De plusieurs côtés, s'est ainsi élaborée une conception de l'époque 900-1050 qui a mis en avant les facteurs de croissance (démographique et économique) et d'organisation sociale. De la mise en place de la seigneurie banale jusqu'à celle de l'« incastellamento », s'est aussi affirmé à travers la multiplication des études régionales le souci de mieux évaluer les particularismes régionaux, au moment même où l'on cessait de privilégier les pays d'entre Loire et Rhin au détriment des espaces jugés jusque là, non sans quelque condescendance, comme « périphériques ». La prolifération des travaux à visée régionale ou thématique, leur ambition parfois avouée à définir des modèles structuraux,

nement aussi de méthodologies nouvelles (pensons, p. ex., à l'apport de la « Personenforschung » à une meilleure connaissance des structures de la noblesse du haut moyen âge) : tous ces éléments ont porté à un enrichissement intense et tous azimuts à la fois des connaissances et des problématiques.

C'est dire à quel point l'ouvrage de synthèse que nous offre aujourd'hui H. Fichtenau vient à point. Prenant pour objet un Xe s. défini comme une large plage chronologique (fin IXe s. -première moitié xr s.), l'A. nous en propose une « analyse spectrale » des plus intéressantes. Selon un propos sur lequel titre et sous-titre de l'ouvrage nous éclairent, il n'a voulu écrire ni un manuel narratif ni une synthèse systématique. Cadres chronologiques et typologie des sources sont supposés connus. Fort bien informé d'autre part sur la production historiographique la plus récente, Fichtenau nous livre ici des vues souvent originales sur les cadre de vie et leurs normes socialisées, sur les mentalités et l'histoire des comportements selon les orientations actuelles de la « Verhaltensforschung » dont August Nitschke a récemment (1981) rappelé les objectifs. La clarté du plan et la distribution judicieuse des matières font de cet ouvrage volumineux une synthèse aérée, de lecture agréable et de consultation commode. Sans chercher à en résumer ici le contenu, nous voudrions plutôt donner une idée de son agencement d'ensemble, qui permet au lecteur une orientation aisée.

Le premier thème organisateur choisi par l'A. {Or do, p. 11-110) concerne l'étude, à tous égards première, des systèmes de classement de la société post-carolingienne. Héritier du système de classement tripartite offert par les schémas augustinien et grégorien (monachi/virgines, clerici/ continentes et laici/conjugati), le Xe s. voit poindre en effet le nouveau système d'ordonnance sociale de type tri-fonctionnel (oratores / bellatores / laboratores) récemment analysé par G. Duby. H. Fichtenau ne se contente pas, à ce chapitre, de nous livrer une nouvelle synthèse sur la genèse et la théorie des ordines. Il montre de plus fort bien comment l'idéologie du Xe s. est dominée non seulement par des grands schémas classificatoires mais aussi par des ensembles plus complexes de représentations. Ceux-ci visent tous, par le recours à des systèmes de référence variés, à proposer des visions souvent subtiles de la stratification sociale où, comme dans les Praeloquia de Rathier de Vérone, le recours à des catégories affines (comme celle de ministerium.

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