Eduardo Junyent i Subira. — Diplomatari de la catedral de Vie. Segles IX-X. Vie, Patronat d'Estud. Ausonencs, [s.d.], 170 pp.

La publication du Diplomataire de Vie se poursuit à un rythme plus lent que ne le mérite sans doute la qualité de l'œuvre ; nous pouvons cependant entrevoir le terme d'une entreprise constituant le meilleur hommage postfume à Eduardo Junyent, qui passa de longues années à classer, déchiffrer et transcrire les parchemins d'un des plus importants fonds documentaires d'Europe pour la connaissance du Xe s. Le troisième fascicule, dont la publication a bénéficié de l'aide de la Genera- litat de Catalunya, rassemble cent quarante-cinq documents compris entre le 3 avril 960 et le 7 novembre 980 ; les parchemins sont décrits (taille, situation dans les archives...), analysés et retranscrits avec une scrupuleuse honnêteté. Les actes de la pratique constituent l'essentiel : donations, échanges, ventes surtout qui représentent une écrasante majorité, preuve de l'importance du marché de la terre après 950. Mais on rencontre aussi des documents touchant à la vie du diocèse, en particulier une série de bulles pontificales promulguées par la papauté lors de la restauration et du transfert à Vie du siège métropolitain de Tarragone. Un inventaire des bien meubles de l'évêché permet d'apprécier la qualité de son équipement culturel en 971. Les chercheurs disposent désormais d'une source de premier ordre qui permet, au moyen d'une analyse typologique des documents et d'un recensement statistique de la terminologie, de donner à l'histoire économique et sociale du Xe s., des fondements plus justes que les épaves sélectionnées dans les cartulaires du xnr s. Après E. Junyent, Pierre Bonnassie et Paul Freedman ont ainsi renouvelé la connaissance de la Catalogne antérieure à l'an mil.

Michel Zimmermann.