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Marquet (Pierre-Bernard). — L'enseignement ne sert à rien, hier comme aujourd'hui...

[compte-rendu]

Année 1980 50 pp. 69-70
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MARQUET (Pierre-Bernard). — L'enseignement ne sert à rien, hier comme aujourd'hui... — Paris : E.S.F., 1978. — 111 p. ; 24 cm. — (Science de l'éducation : L'école comme elle va.)

Le livre que nous propose Pierre-Bernard Marquet veut être une proclamation ; l'on imagine le plaisir de l'auteur en écrivant le titre, avec soin : « L'enseignement ne sert à rien, hier comme aujourd'hui », comme un petit enfant gourmand pense dire des « gros mots » ; dans cet ouvrage, s'il paraît, comme il le souhaite, sans préjugé, il ne sera cependant pas trop paradoxal : les dénonciations que l'on trouve ici sont aimables.

Pourtant, des affirmations abruptes pourront surprendre le lecteur, ainsi sur l'inefficacité de l'enseignement de l'Eglise, sur l'obscurantisme médiéval, sur l'incapacité surtout des systèmes scolaires à renforcer bien longtemps les régimes politiques qui les fondent, remarque riche peu développée ici non plus que celle qui nous montre la montée de l'autonomie du métier d'enseignant liée à l'étatisation même de l'enseignement, notes révolutionnaires dans le ron-ron des discours sur l'éducation, mais trop brèves notes seulement. P.-B. Marquet montre aussi quelque étonnement devant ces enseignants qui se croient encore utiles alors que leur compétence est consacrée comme douteuse et qu'ils ne réussissent guère dans leur mission, leur « métier de Danaïdes ».

L'optimisme de certaines constatations est aussi prétexte à l'introduction de remarques pessimistes : si le niveau du « savant » s'élève, l'enseignement ne permet guère à celui du « vulgaire » de l'imiter. L'auteur ne se rassure pas en notant l'abondance nouvelle des recherches et des études sur l'enseignement : leur développement est tardif et rarement suivi. Quant aux démarches nouvelles, aux nouveaux espoirs, à tous peuvent être opposés les propos désenchantés qui commentent l'un d'eux : «Tout ce bel élan s'est peu à peu ralenti, les découragements sont venus, la relève n'a pas été assurée » (p. 68), mais sans que l'on veuille, semble-t-il, vraiment trouver et montrer la source et les raisons de ce déni d'enthousiasme. De même, s'il est noté avec justesse que les « héritiers » de Bourdieu et Passeron sont devenus des rebelles peu opérants, aucune explication n'en est proposée ; « les salopes ne sont pas crevées » (p. 79), certes, mais elles ne sont pas non plus, là, identifiées.

Plus qu'autre chose, ce livre est une réflexion sur la laïcité entendue comme celle de ces anciens instituteurs dans la lignée desquels l'auteur se place : la responsabilité proprement politique de l'éducation, souvent entr'aperçue, n'est jamais traitée de front ; l'échec, au cours de la Troisième République qui voulait en être le lieu, du rôle politique de l'école en est une illustration montrée ici : notion étendue, trop souvent définie pour être précise, celle de laïcité n'est finalement qu'un lieu de réflexion et ne mène vraiment ni à l'action ni à son évaluation ; ainsi, une notion — engagée — risque-t-elle de n'être finalement, par souci de pureté, qu'un lieu de non-engagement, et non ce signe, cette volonté, à quoi elle prétend. P.-B. Marquet nous montre aussi, dans cet esprit, comment les instituteurs, qui apparaissent pourtant comme des « piliers » de la vie politique locale, n'ont guère servi à l'animer. Sont notées également les difficultés de la liaison entre les différentes formations des différents enseignants, comme un signe de cette médiocre intégration politique que l'échec des consignes électorales des syndicats enseignants, en septembre 1958 particulièrement, rendit manifeste.

Il est difficile de critiquer l'enseignement dont on est sans risquer de paraître méchant ou ingrat. Pour n'avoir pas voulu courir ce risque, le témoignage de P.-B. Marquet perd de son efficacité ; il propose cependant de nombreuses remarques justes — parmi elles l'idée d'une « contagion de l'enseignement» (p. 102) ou le rappel

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