Couverture fascicule

Peter T. Ricketts. — Le « Breviari d'amor » de Matfre Ermengaut, 1976

[compte-rendu]

Année 1980 23-92 pp. 404-405
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COMPTES RENDUS

, 346 pp.

Ce volume V de la nouvelle édition intégrale du Breviari d'amor préparée par P. T. Ricketts contient la dernière partie, du v. 27252 T au v. 34597. Gela va du prologue du Perilhos tractalz d'amor de dànas à la lettre de Matfre à sa sœur Suau.

On sait l'intérêt porté au Perilhos Iradalz comme témoignage sur la fin'amor à la fin du xme s. et comme document sur la tradition manuscrite de certaines chansons ou extraits de chansons des troubadours. C'est par cela que P. T. Ricketts justifie la priorité donnée à sa publication sur toute autre partie de l'œuvre. On regrettera cependant que l'auteur n'ait pas trouvé le biais pour nous en dire plus long sur ces sujets, même si nous avons aujourd'hui avec les travaux de R. Richter (Die Troubadourzitate im « Breviari d'amor », Modène, 1976) d'intéressantes confrontations. Le Breviari étant une œuvre énorme mais cohérente, on était en droit de retrouver la cohérence dans une édition qui eût fait l'économie d'anachro- nismes ici inévitables ; le chapitre sur les manuscrits, par exemple, aurait trouvé sa place logique dans l'introduction du premier volume. Encore une fois on ne gagne jamais en clarté en commençant une publication par la fin.

A cette réserve près, on ne peut que se réjouir d'une telle entreprise dont l'envergure n'échappe à personne. Le texte fourni par P. T. Ricketts prend pour base le ms. M (Escurial, Bibl. Real San Lorenzo, S. I. 3), alors que la première édition, celle de G. Azaïs (Béziers, Soc. archéol., 1862/81) prenait le ms. F. 857 de la Bibliothèque Impériale, aujourd'hui Bibliothèque Nationale. C'est un très net progrès. On sait que dans le manuscrit français le Perilhos Iradalz était assez malmené et que le premier éditeur avait dû, avec l'aide de P. Meyer (cf. Introduction de l'éd. Azaïs, p. VIII, et J. Boutière, Correspondance de Mistral avec Paul Meyer et Gaston Paris, Paris, 1978, 1. 61 , p. 128, 1878), y apporter beaucoup de corrections plus ou moins heureuses, avec les moyens de l'époque. P. T. Ricketts a eu à sa disposition tous les microfilms des douze manuscrits connus, une partie importante des originaux, des fragments retrouvés et un corpus des troubadours beaucoup mieux étayé. De plus, nous dit-il, « le manuscrit M se distingue par la qualité de son texte rarement mise en défaut et par la fidélité des autres manuscrits à son égard ». Nous avons donc ici, au prix d'un travail critique considérable, toutes les garanties souhaitables.

Pour le Perilhos tractatz, un Index bibliographique s'impose, qui permet de retrouver les morceaux troubadouresques et de mettre de l'ordre dans les attributions quelquefois fausses qui sont fournies par Matfre lui-même ou dans les pièces citées anonymement. Cette partie de l'introduction concorde bien avec l'ouvrage de R. Richter (op. cit.). Ce dernier attribue cependant à Raimond Vidal de Bezaudun les v. 33319-33327 d'après l'édition de W. Bohs (1903) que P. T. Ricketts laisse dans l'anonymat. Il y a là aussi une recherche difficile.

Ce cinquième tome se termine par un glossaire qui ne concerne que le passage publié ; cela nous laisse encore une légère impression de malaise dans la mesure où nous pensons qu'un glossaire général aurait pu être au strict niveau sémantique beaucoup plus riche, donc beaucoup plus éclairant. On aurait encore aimé que l'auteur justifiât le choix de ses entrées. Nous trouvons dans ce glossaire quantité de mots très courants dans la koïné des troubadours, et d'autres encore bien vivants en languedocien et en biterrois : c'est le cas de aziman connu de tous les romanistes, de acampar, adozilhar, amagar, badailh, cargar, close, co(l)sera, deute, engrunar, escarnir, fadejar, g(u)arra, lensàl, mermar, parpalhà(l), penche- nar, sofrir, tieira, trabucar, trufar (se), vair... Il y a en revanche dans le texte des termes beaucoup plus rares que l'on cherchera vainement dans le glossaire :

par exemple, on cite bauzia, v. 34015, qui est courant dans la langue des troubadours, mais on omet — pour ce même v. 34015 — laguot qui est certes aussi dans Lévy, mais qui est plus original ; pour les mots grammaticaux, ici peu relevés, on oublie anesse, v. 29012, qui est peut-être moins fréquent que anc qui lui ne fait aucune difficulté et qui est présent.

On aurait aimé que des mots assez localisés comme bossin, dans (= deves), etc., soient mentionnés comme tels. La langue du Breviari n'est finalement pas difficile ; elle présente cependant quelques

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