, 8°, 260 pp. (« Hist. des idées et crit. litt. », 480).
Si la Quesle del saint Graal a suscité, au fil des ans, une floraison d'articles, il faut bien reconnaître que, depuis la thèse célèbre d'A. Pauphilet, véritable « classique » qui garde toute sa valeur, aucun ouvrage synthétique d'ensemble n'était venu renouveler l'approche de cette œuvre, pourtant fondamentale, de notre littérature médiévale. Voilà qui est maintenant fait — et bien fait — grâce au livre de P. Matarasso, qui, s'appuyant sur une large documentation parfaitement à jour (comme en témoignent, par exemple, les références à la thèse récente de M. Zink sur la prédication en langue romane avant 1300), n'hésite pas à prendre ses distances vis-à-vis de ses devanciers, tout en leur rendant d'ailleurs un juste hommage.
L'objectif qu'elle s'est fixé et la démarche qu'elle a suivie sont clairement définis dans ces quelques lignes :
The original purpose of this study was to examine the nature and extent of the Queste's debt to Scripture. As the list of biblical allusions grew, so, slowly, did the conviction that they were not incidental to the text but part of its very structure, that the story was in fact built on and around them, with the pattern of Scripture determining that of the narrative. The next logical step was to investigate the possibility of the Queste being a biblical-type allegory with one super-added level of meaning corresponding to the rédemption thème of Scripture... (p. 242).
Ainsi s'explique la liste de références qui figure en appendice de l'ouvrage et récapitule la « dette » de la Queste à l'égard des saintes Écritures. Mais on aurait tort de ne voir dans ce travail qu'une mosaïque lassante de rapprochements scripturaires. Car l'orientation initiale, d'ailleurs pleinement justifiée, vient en fait nourrir une réflexion d'une grande richesse et d'une grande densité sur la signification même de l'œuvre en cause. Pour reprendre les termes mêmes de P. M. la question est de savoir
whether this is merely an aesthetic exercise, an intellectual game of « fmd the biblical parallel»... or whether the allegorical structure has a theological signiflcance bearing upon the story, and ultimately upon the meaning of life as the author conceived it (p. 91).
Dans un premier chapitre, « The Govenant Thème », l'auteur met l'accent sur l'arrière-plan vétéro- testamentaire de la Queste et souligne l'unité profonde qui lie l'un à l'autre les deux testaments (p. 27- 29) et qui s'exprime notamment dans le roman par le rôle prêté à l'écu de Joseph et à l'épée de David (p. 26). Il s'agit d'une véritable préhistoire du saint Graal qui apparaît lui-même comme la manifestation privilégiée d'un renouvellement de l'Alliance (p. 37).
Deux chapitres sont ensuite consacrés à « Galahad, Figure of Christ ». P. Matarasso, à tort ou à raison, distingue en effet deux étapes dans le déroulement des aventures du « Bon Chevalier » : la première où il apparaît essentiellement comme rédempteur — et elle est liée au motif de l'écu — , la seconde où il fait figure de justicier, quand il est mis en possession de l'épée de David, l'épée de la justice de Dieu (p. 66). On quitte alors le plan historique, qui était celui du premier chapitre, pour s'élever au plan allégorique et au plan mystique (p. 64) : Galaad vient rétablir l'ordre divin dans l'anarchie
