Couverture fascicule

Paolo Delogu. - Mito di una citta meridionale (Salerno, Secoli VIII-XI), 1977 (" Nuevo Medioevo ", 2)

[compte-rendu]

Année 1980 23-92 pp. 375-376
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*, 8°, 199 pp., 16 h.-t. (« Nuovo Medioevo », 2).

Le mythe poursuivi dans les quatre essais bien nourris qui composent le livre n'est pas une légende mais un long rêve : celui de préserver et faire refleurir l'indépendance et la gloire des Lombards dans le lambeau d'Italie méridionale échappé à la conquête franque et aux revendications papales. Tout en se rendant compte que ses ressources ne lui permettaient pas de songer à reprendre à Gharlemagne la couronne du roi Didier, son gendre Arechi II, duc de Bénévent, se proclama prince souverain des siens, modela son cérémonial, ses constructions religieuses et ses lois sur celles de Pavie et de Gonstantinople, fortifia sa capitale et en aménagea une subsidiaire sur la côte à Salerne. Les turbulences, les guerres, les invasions multiples des siècles successifs n'éteignirent pas la volonté de survivre de cette « Longobardie » mineure, bientôt subdivisée à son tour en trois états rivaux, parmi lesquels la principauté de Salerne, mieux placée, gagna un avantage précaire. L'essor du xie s., l'absorption du grand port italo-byzantin d'Amalfi et l'aide soudoyée des Normands permirent aux princes salernitains de jouer pendant quelques années un rôle moins piètre mais plus dangereux que celui de consignataires provinciaux des restes d'une faillite. Tandis qu'Erchempert, premier chroniqueur des Lombards du Sud, avait « soupiré » de devoir conter « non pas leur bonheur mais leur misère, non pas leur triomphe mais leur ruine », Aimé, leur dernier chroniqueur, put exalter la mémoire de Gaymer V de Salerne, traité avec respect par les deux empereurs et « loué dans le monde entier ». C'était, tout de même, encore une faillite : au moment où Aimé écrivait, Robert Guiscard, s'étant emparé de Salerne, réalisait à son profit le rêve des Lombards subjugués : faire du Midi italien une troisième grande puissance entre les deux empires. Cela n'empêcha d'ailleurs pas que le droit lombard continua à être étudié et appliqué dans le Sud, même sous les Hohenstaufen.

L'usure et la disparition d'une culture ethnique a quelque chose de suggestif, même si elle ne valait pas grand-chose. Historien et archéologue, P. Delogu garde son sens critique sans refuser une touche de sympathie. Gomme il le dit, Sainte-Sophie de Bénévent, l'église d'Arechi II qui précède de beaucoup tant d'autres dérivations de l'archétype constantinopolitain, a été trop défigurée par les remaniements successifs et par une restauration imprudente pour se prêter à une interprétation détaillée ; mais les éléments primitifs qui survivent, les sources écrites, et surtout une miniature antérieure aux remaniements indiquent une « construction à la fois grandiose et barbare », dont l'originalité est un produit des difficultés que des bâtisseurs gauches mais audacieux ont dû résoudre avec des expédients. En s'appuyant surtout sur le Chronicon Salernitanum, rédigé sans doute par un noble laïque et reflétant la mentalité de sa classe, Delogu nous montre une société fondée sur la famille large (parentés de sang, d'alliance, d'adoption, de clientèle) et hantée par le sentiment de l'honneur (pour les nommes, identifié avec le courage sans toutefois exclure la ruse ; pour les femmes, localisé dans la pureté sexuelle). Mais la famille, à mi-chemin entre les Atrides et la mafia quoique d'inspiration incontestablement germanique (autant vaudrait dire, férocement primitive), explique le tissu de violence qui assombrit et paralyse les principautés lombardes ; et que dire de l'honneur, lorsque le chroniqueur signale parmi les prouesses du prince Gayfer de Salerne l'exécution sommaire de sa femme qui avait été violée et celle d'un adolescent napolitain qui demandait pitié? Que dire de l'influence modératrice de l'Église, lorsque un évêque aspirant à se débarrasser d'un adversaire se tire d'embarras en suggérant : « Je ne dis pas que vous devez crever ses yeux, mais ce serait bon qu'il ne voit pas la lumière du soleil » ? Bien sûr,

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