COMPTES RENDUS
, 4°, 249 pp., 202 ill. noir et coul., plan.
Sous la signature de Ph. Bonnet-Laborderie, entouré de plusieurs collaborateurs, est paru en 1978 cet ouvrage destiné à marquer l'état actuel des recherches sur un des monuments essentiels de l'art gothique, dans l'attente de la monographie critique exhaustive qui sera l'aboutissement logique des travaux de l'auteur.
A la suite d'une incisive préface de M. Erlande-Brandenbourg (président du Groupe d'Études des Monuments et Œuvres d'art du Beauvaisis, dont l'auteur est vice-président et l'un des plus actifs animateurs), qui met l'accent sur les méthodes successives de la recherche dans l'histoire de l'architecture religieuse médiévale, l'ouvrage proprement dit comprend une présentation du cadre urbain et une évocation succincte des origines chrétiennes de la ville. Puis vient une analyse du célèbre édifice carolingien connu sous le nom de Basse-Œuvre. Enfin, la partie consacrée à l'édifice gothique le plus téméraire de la chrétienté est subdivisée en un « Historique », qui étudie les phases de la construction de la cathédrale, principalement au xme et au xvie s., puis les vicissitudes subies alternant avec les restaurations, entre la période classique et le xxe s. Suit une description intérieure puis extérieure de l'édifice, une évocation de son décor ornemental, de ses vitraux et de son mobilier. Une bibliographie très à jour termine le volume. Les photographies nombreuses, de qualité, ont l'avantage d'être placées très soigneusement en regard du texte qu'elles illustrent, dont elles complètent ainsi visuellement les indications. Les plans de détail, coupes et relevés divers précisent les données du grand plan d'ensemble mis en fin de volume, et portant les indications chronologiques, résumées par ailleurs dans un tableau. Un certain nombre de dessins et de gravures donnent idée de certains aspects disparus du monument et de son décor.
Étant donnée la spécialisation chronologique des « Cahiers de civil, médiév. », il sera ici rendu compte plus particulièrement de la partie du travail consacrée à la Basse-Œuvre, et plus succintement du reste, sans que cette discrimination purement formelle implique, il va de soi, l'ombre d'un jugement de valeur.
C'est sur le site de l'ancienne Caesaromagus, réduite à un étroit castrum d'une dizaine d'hectares vers la fin du ine s. , que s'établissent plus tardivement les premières églises épiscopales de Beauvais, peut-être à la fin du ive s. ou au début du suivant, peut-être (car Grégoire de Tours ne mentionne dans son Historia Francorum ni la ville ni Saint-Lucien, disciple de Saint-Pierre, vénérable mais d'existence contestable) seulement au vie s. Le premier évêque connu par des documents contrôlables, Maurinus, ne l'est qu'en 632. L'existence d'un suburbium chrétien près de la basilique disparue de Saint-Lucien a été supposée par plusieurs commentateurs anciens, en vertu de traditions à vrai dire peu précises. L'auteur, pour sa part, penche pour l'établissement dès l'origine d'un groupe cathédral dans le castrum. L'existence d'un tel groupe dès l'époque mérovingienne n'est que « possible », mais le concile de Beauvais tenu en 845 sous la présidence de Charles le Chauve, et qui voit la consécration d'Hincmar comme archevêque de Reims suppose que, des églises Saint-Pierre, Notre-Dame et Saint- Jean mentionnées par les textes, la principale avait été reconstruite à l'époque carolingienne selon de vastes proportions.
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