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Alice M. Colby. — The Portrait in Twelfth-Century French Literature, An Example of the Stylistic Originality of Chrétien de Troyes

[compte-rendu]

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M. COLBY

, in-8°, 205 pp.

Sans être entièrement nouveau, le sujet traité par Miss A. M. Colby dans cet ouvrage — élargissement d'une « doctoral dissertation » consacrée au portrait dans les œuvres de Chrétien de Troyes et soutenue à Columbia University en mai 1962 — n'avait pas encore donné lieu à une recherche étendue et méthodique. C'est dire tout de suite le réel intérêt de l'étude attentive et patiente réalisée par Miss Colby, même si le plan qu'elle a suivi — conséquence probable de l'extension tardive qu'a prise son premier dessein — et peut-être aussi, par moments, la conception même qu'elle s'est faite d'un sujet au fond assez ingrat ne sont pas sans présenter certains inconvénients. Du biais qui était le sien, elle a eu le mérite d'explorer avec soin et avec une compétence indéniable un grand nombre de textes, du Roland d'Oxford au Perceval de Chrétien, en considérant surtout les romans, comme il est naturel, puisque le portrait des héroïnes et des héros appartient essentiellement à l'esthétique et aux obligations du genre narratif en octosyllabes. On peut la louer aussi d'avoir donné au début de son livre (p. 4) une définition utile du portrait. Seules lui ont paru dignes de son étude, non sans raison, les « descriptions de personnes » comportant un panégyrique ou, au contraire et plus rarement, un dénigrement en règle, pourvues d'une longueur suffisante (aux yeux de Miss Colby le minimum indispensable, un peu arbitrairement fixé sans doute, est de vingt- deux vers), fondées sur des clichés, des moules stylistiques, des formules stéréotypées (tous éléments comparables, selon nous, aux petits cubes des mosaïques), formant enfin un ensemble assez bien organisé pour se détacher du contexte avec une semi-indépendance. Ainsi délimité, le sujet garde encore assez d'ampleur.

Avant d'aller plus loin, examinons comment Miss Colby a distribué la matière de son ouvrage. Comme il se doit, l'introduction (p. 3-13) sert à justifier le sujet, à préciser la méthode, à exposer le plan. Celui-ci comprend deux parties, formées chacune de trois chapitres, la première traitant du portrait en général et de ses éléments constitutifs, la seconde étudiant l'art de Chrétien portraitiste et s'efforçant de mesurer son originalité. C'est ainsi qu'en premier lieu sont étudiés successivement la structure (chap. 1, p. 14-22), le contenu (chap. 11, p. 23-88), l'arrière-plan théorique (chap. m, p. 89-103) du portrait au XIIe siècle, et qu'ensuite sont analysés de fort près les moyens stylistiques par lesquels Chrétien ranime et rajeunit thèmes conventionnels et clichés dans les portraits de la beauté idéale, qu'il s'agisse des héros (chap. iv, p. 104-121) ou des héroïnes (chap. v, p. 122-169), et dans les portraits de la laideur absolue (chap. v, p. 170- 177). La conclusion (p. 178-181) résume le livre, enregistre les résultats obtenus, affirme et cherche à prouver l'originalité de Chrétien, par une comparaison bien abstraite il est vrai, relativement à ce qu'on pourrait considérer comme la norme du portrait au xne siècle. Suivent un appendice A (chronologie des romans cités, p. 182-184), un appendice B (tableau des moyens stylistiques employés dans les portraits par les auteurs du temps), une bibliographie détaillée (p. 185-194), enfin un index apparemment complet, fait en tout cas avec beaucoup de soin (p. 195-204).

D'après ses propres déclarations (introduction, p. 9), Miss Colby a voulu adopter une méthode exclusivement stylistique, au point qu'elle ne consent que fort peu à s'occuper de tout autre aspect de son sujet, notamment de la valeur « fonctionnelle » du portrait dans la structure d'un roman tout entier. Ce parti pris me paraît regrettable. Reconnaissons pourtant que l'étude du portrait pose avant tout des problèmes de style ou de stylisation, et que parmi les maîtres actuels de la stylistique (on sait qu'ils ne tiennent pas tous pour la même méthode) Miss Colby a choisi un guide excellent, M. Michel Riffaterre, connu et apprécié entre autres travaux pour son ouvrage sur le style de Gobineau dans les Pléiades. Aucune objection de principe en effet ne s'oppose à ce qu'on applique aux textes médiévaux les mêmes méthodes qu'aux textes modernes. Faisons donc bon accueil à l'initiative de l'auteur, tout en estimant que le portrait dans les romans du xne siècle n'offre probablement pas le terrain le plus favorable à l'expérience tentée. Constatons aussi qu'une fois écartés quelques termes techniques, indispensables au surplus, les analyses stylistiques pratiquées par Miss Colby ressemblent beaucoup à des explications de textes — bien entendu, il s'agit là d'un éloge — - limitées aux valeurs expressives découlant principalement de l'ordre des mots et de certains faits de versification. Faut-il ajouter que ces moyens stylistiques ne sont pas réservés par Chrétien aux portraits de ses personnages, qu'ils appartiennent à son art en général et qu'il les a peut-être employés

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