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Robert Boutruche. — Seigneurie et féodalité. Le premier âge des liens d'homme à homme.

[compte-rendu]

Année 1960 3-10 pp. 222-224
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Robert Boutruche. — Seigneurie et féodalité. Le premier âge des liens d'homme à homme. Paris, 1959, Aubier, in-8°, 422 pp. (Coll. hist., publ. sous la dir. de Paul Lemerle).

M. Boutruche, à qui on doit déjà des ouvrages excellents, notamment sur l'histoire des institutions \ en publie un autre sous le titre Seigneurie et féodalité, qui comportera deux volumes, dont le premier, consacré aux liens d'homme à homme, vient de paraître. L'auteur avertit, dans l'avant-propos, qu'il le place « sous le signe de l'histoire comparée ». C'est ce qui en fait l'originalité et contribue beaucoup à le rendre utile. Il comble, en effet, une lacune regrettable. Les ouvrages relatifs à la société féodale, même les plus remarquables, comme ceux de Marc Bloch ou de F. L. Ganshof, les traités d'histoire du droit d'Esmein, Chesnon, Declareuil, d'Olivier Martin, etc., ne soufflent mot de la féodalité en droit comparé ou ne consacrent que quelques lignes à l'examen de cette question importante.

On ne saurait trop féliciter M. Boutruche d'en avoir fait l'objet de la deuxième partie de son livre. Chacun retirera un réel profit de la lecture de ces quatre-vingts pages extrêmement denses dont une connaissance étendue de la littérature du sujet garantit la solidité. Enfin un historien compétent vient préciser les traits par lesquels les structures sociales qualifiées de féodales dans toutes les parties du monde se rapprochent ou se différencient de la féodalité occidentale. Ce faisant, l'ouvrage de M. Boutruche est un livre de combat et est présenté comme tel au lecteur. Après avoir analysé dans son introduction les tendances des travaux publiés sur la féodalité depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, l'auteur s'élève avec force contre l'emploi abusif qu'un grand nombre d'historiens, juristes ou non, ont fait du mot féodal « qui est une source de confusion ». Il montre bien qu'on ne trouve nulle part, même au Japon, un régime social ou politique en tous points semblable à la féodalité occidentale. C'est ce que pensait le regretté Joseph Calmette a dont M. Boutruche adopte l'opinion, presque dans les mêmes termes, dans sa conclusion.

La thèse ne manquera pas de soulever des discussions. Aucun historien du droit, à ma connaissance, n'a jamais prétendu qu'il a existé un parallélisme d'évolution entre le régime politique et social de l'Occident au moyen âge et celui des autres pays du monde à la même époque. Mais il reste à savoir si l'on n'est pas fondé à attacher l'étiquette « féodale » aux institutions qu'on rencontre dans d'autres milieux historiques quand elles présentent beaucoup de ressemblances avec celles qui ont régi la féodalité du moyen âge occidental. L'exemple de la Russie parait très significatif. Ce pays « semble bien avoir connu», comme l'a écrit M. Ganshof, « un état de chose très voisin de la vassalité entre le xme et le xvie siècle 3. »

1. R. Boutruche, Une société provinciale en lutte contre le régime féodal. V alleu en Bordelais et en Bazadais du XIe au XVIII* siècle, Paris, 1947.

2. T. Calmette, La société féodale, p. 1.

3. F.-L. Ganshof, Qu'est-ce que la féodalité ?, p. 13.

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