Couverture fascicule

Mario Roques (1875-1961)

[note biographique]

Année 1961 4-14 pp. 219-221
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 219

NÉCROLOGIE

Mario Roques

(1875-1961)

Notre maître Mario Roques est mort à Paris le 8 mars 1961 dans sa quatre-vingt-sixième année. C'est seulement pendant les deux semaines qui précédèrent sa fin que la maladie le contraignit à quitter sa table de travail, à renoncer au labeur quotidien. Il aura ainsi donné jusqu'au bout un exemple peu commun d'énergie et de ténacité : ni le nombre ni le poids des ans ne l'auront empêché de garder la jeunesse de l'esprit, la confiance dans la vie, la tentation d'ouvrir de nouveaux chantiers.

En lui rendant hommage, je retiens d'abord une qualité du caractère ou du tempérament. Mais ce mérite éminent de vaillance et d'entrain aurait-il produit sa pleine efficacité sans l'éclat des dons intellectuels ? La nature l'en avait généreusement pourvu. On admirait sa lucidité, sa pénétration, sa rigueur critique, son aptitude à trier l'essentiel de l'accessoire et à formuler avec netteté sa pensée exacte, son immense érudition engagée dans de multiples avenues et pourtant allègre et comme ailée. Aussi peu de questions le laissaient-elles sans ressource immédiate, peu d'objections sans réplique avisée. Disons que l'esprit de l'escalier n'était pas son fait.

D'ascendance gasconne (et peut-être devait-il à cette origine le brio qui fut l'une de ses forces), Mario Roques était né le Ier juillet 1875 au Callao (Pérou). Après le retour de ses parents en France, il fréquenta l'école primaire à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) et fit ensuite ses études secondaires à Paris au lycée Henri IV. Entré à l'École Normale Supérieure en 1894, élève de l'École pratique des Hautes Études où il suivit notamment les cours de Gaston Paris, il fut reçu à l'agrégation de grammaire en 1897. Durant trois ans (1897-1900), il fut pensionnaire de la Fondation Thiers et élève de l'École des gangues orientales vivantes dont il sortit diplômé pour la langue roumaine. Armé dès lors d'une méthode et de solides connaissances qui lui permettaient de s'orienter et d'avancer avec sûreté dans le vaste champ de la philologie romane, il n'allait pas tarder à prouver sa juvénile maîtrise par la qualité de ses travaux et de son enseignement. Ne devenait-il pas en 1901, à l'âge de vingt-six ans, chargé de conférences de « grammaire historique de la langue française » à l'École Normale Supérieure et chargé de la conférence de «latin vulgaire» à l'École pratique des Hautes Études ? A cette dernière il est nommé directeur d'études de « philologie romane » en 1903. Professeur de « langue roumaine » à l'École des Langues orientales vivantes en 1907, chargé de la direction de l'Institut de Philologie roumaine à la Faculté des Lettres de Paris en 1912, il ajouta enfin à ses fonctions précédentes celle de professeur d'histoire du vocabulaire français au Collège de France où il enseigna de 1937 à 1947. Il était membre de l'Académie des Inscriptions et belles-lettres (1933), membre de l'Académie Royale de Langue et littérature françaises de Belgique (1946), membre correspondant de la Mediaeval Academy of America, commandeur de la Légion d'honneur.

A la diversité de son enseignement répond celle de son œuvre. Ses publications — elles étaient au nombre de 203 à la date de 1950, outre la foule des comptes rendus critiques insérés dans la « Romania », et se sont fortement accrues depuis — se répartissent en quatre secteurs principaux, Linguistique et philologie, Éditions de textes, Études de textes et recherches d'histoire littéraire, Histoire et organisation de la philologie romane, dans la liste placée en tête du 1. 1 des Mélanges de linguistique et de littérature romanes qui lui furent alors offerts par ses amis, ses collègues et ses anciens élèves. Sans oublier ses travaux sur le bas latin, le roumain et l'albanais, sans oublier qu'il fut sur les traces de Gilliéron l'un des tout premiers à faire clairement ressortir l'importance et la nouveauté de la géographie linguistique, bornons-nous ici à rappeler, trop brièvement, quelles furent l'étendue et la valeur de sa production dans le domaine de l'ancien français, de l'ancien provençal et de la littérature médiévale. On lui doit d'excellentes éditions du Garçon et l'aveugle, d'Aucassin et Nicolette, du Roman du Comte d'Anjou, de Roland à Saragosse, de Ronsasvals. Il aura pu achever

219

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw