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Isidoriana. Estudios sobre san Isidoro de Sevilla en el XIV centenario de su nacimiento.

[compte-rendu]

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ISIDORIANA

Isidoriana. Estudios sobre san Isidoro de Sevilla en el XIV centenario de su nacimiento. Leôn, Centro de Estudios San Isidoro, 1961, in-8°, 556 pp., pi.

Il y a deux ans, la ville de Leôn célébrait deux anniversaires. C'était d'abord le millénaire de la Bible wisigothique qui est conservée dans sa basilique. C'était aussi le xive centenaire de la naissance de saint Isidore, dont la ville garde précieusement les reliques depuis 1063. Leôn possède un Centre d'études isidoriennes. Un des membres de ce Centre, qui est aussi professeur à Salamanque, le Ur Diaz y Diaz, a eu l'idée de réunir à Leôn, à l'occasion de ces deux anniversaires, les meilleurs spécialistes d'Isidore en Espagne et dans tout le monde savant — la France était représentée par le professeur Fontaine, — afin de confronter idées et recherches concernant l'œuvre même d'Isidore, et l'influence qu'elle a pu exercer sur la civilisation médiévale.

Le Centro de Estudios San Isidoro a publié deux ouvrages en 1961. Le premier — Crénica gênerai de los ados celebrados en Leôn, in-8°, 235 pp., 28 pi. — recrée l'atmosphère des fêtes populaires et des cérémonies officielles qui eurent lieu à l'occasion de cet anniversaire. C'est le second volume qui nous intéresse ici, les Isidoriana, et plus particulièrement ce qui concerne l'influence isidorienne au moyen âge. Sur ce problème important M. Joalyn N. Hillgarth, du Warburg Institute, présente une bibliographie étendue (p. 60- 69) et un état des questions : Isidore a-t-il été le maître à penser du moyen âge, des théologiens comme des hommes politiques, ainsi que le prétendait E. R. Curtius ? Un certain nombre d'études s'efforcent de répondre à cette question.

M. Bernhard Bischoff, de l'Université de Munich, étudie la diffusion des oeuvres d'Isidore de Séville en Europe au moyen âge, diffusion assez rapide puisque, dès 700, un moine de Ligugé connaissait déjà les Sententiae ; diffusion qui augmenta ensuite avec l'exil de Wisigoths vers la Catalogne (au xe siècle) et les monastères de l'Empire carolingien (dès le vme) [Die europaische Verbreitung der Werke Isidors von Sevilla, p. 317-344 ; cf. l'article du r. p. Anscari Mundô, Codices Isidorianos de Ripoll, p. 389-401]. Il faut noter aussi l'importance du relais irlandais (r. p. Robert E. McNally, Isidorian Pseudepigrapha in the Early Middle Ages, p. 305-316).

M. Bischoff et le r. p. Mundô montrent le cheminement des manuscrits d'Isidore. D'autres participants au colloque s'intéressent davantage au cheminement des idées isidoriennes. Ainsi M. Marc RëydëllET (La conception du souverain chez Isidore de Séville, p. 457-466) montre la rupture avec la vieille tradition germanique du roi conçu comme le primus inter pares, et le rapprochement avec l'idéologie romaine du souverain, transformée par le christianisme : Rex eris si recte facias. Cette formule qu'Isidore, toujours féru d'étymologie, a empruntée à Horace influencera profondément le moyen âge, notamment en Espagne.

Pour l'Espagne en effet ce volume à' Isidoriana nous offre deux articles importants. Le premier est dû au principal organisateur du colloque, le Dr Diaz y Diaz, qui étudie Isidoro en la edad média hispana (p. 345-387). Il montre que l'influence d'Isidore a été particulièrement importante dans les royaumes chrétiens du Nord (Leôn, Galice) qui dès le IXe siècle connaissaient Isidore comme penseur et docteur. Après la translation des reliques de Séville à Leôn en 1063, c'est le culte d'Isidore qui se développe : il n'est plus seulement le docteur mais le saint ; après le xne siècle, son influence sera concurrencée en Espagne par celle d'autres écrivains européens. Le r. p. Luis LÔpez Santos s'intéresse à la même question ; toutefois son étude s'appuie, non sur la production savante, mais sur la littérature vivante et populaire en espagnol (Isidoro en la literatura medioeval castellana, p. 401-443). Ces textes espagnols ne connaissent en Isidore que le sage et le saint, un saint dont le culte est plus répandu dans l'aristocratie que dans le peuple. Saint Isidore n'a jamais remplacé saint Jacques dans les textes littéraires ; c'est seulement dans les chroniques plus savantes qu'il apparaît comme « caudillo de la reconquista » chrétienne.

Bien d'autres articles permettent de mieux comprendre la personnalité d'Isidore et son importance dans l'histoire. Notons encore ici celui du r. p. Baudouin de Gaiffier, bollandiste (Le culte de saint Isidore de Séville, esquisse d'un travail, p. 271-283) et celui du chanoine Antonio Vinayo Gonzalez, bibliothécaire de la collégiale de Leôn (Cuestiones histôrico-criticas en torno a la translaciôn del cuerpo de san Isidoro, p. 285- 297).

Georges Pon.

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