Couverture fascicule

Anselme (saint). — Textes choisis, trad. et présentés p. la R. M. Marie-Pascal Dickson, précédés de la Vie de Saint Anselme du Bec, tirée des récits de son biographe Eadmer par la R. M. Isabelle de Jouffroy d'Abbans

[compte-rendu]

doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 83

Anselme (saint). — Textes choisis, trad. et présentés p. la R. M. Marie-Pascal Dickson, précédés de la Vie de Saint Anselme du Bec, tirée des récits de son biographe Eadmer par la R. M. Isabelle de Jouffroy d'Abbans. Namur, éd. du Soleil levant, i960, in-12, 189 pp. (« Les écrits des saints »).

Les médiévistes, les historiens des idées et de la littérature au moyen âge connaissent saint Anselme : ce fils de la vallée d' Aoste ne peut être comparé qu'à la cime d'une haute montagne, car il domine le xie siècle finissant de son génie serein, de sa spiritualité élevée et pure, de son esprit puissant, élancé vers les lumineuses régions du Ciel ; il est aussi le père de la scolastique, peut-être, en un certain sens, le premier philosophe moderne. Tous les profanes cultivés connaissent saint Anselme comme l'auteur de l'argument ontologique. Mais qui lit ses oeuvres en dehors des spécialistes ? Il faut pour cela avoir facilement accès à ce beau latin, simple et direct, raffiné cependant, non exempt même d'une certaine recherche littéraire, parant parfois des grâces de l'esprit ce que l'esprit peut avoir de plus vigoureux. Bien que le texte original ait fait l'objet d'une édition savante récente, bien que saint Anselme ait attiré tout un renouveau d'intérêt, il n'existe pas une traduction de ses œuvres. La R. M. Dickson a donc accompli une charitable et pieuse action en mettant à la portée de tous, en français, une sélection des écrits anselmiens. On ne saurait trop l'en féliciter, l'en remercier, d'autant plus que le petit livre qu'elle nous offre, fort bien présenté, nous fait pénétrer dans l'intimité de saint Anselme, nous fait connaître divers aspects de sa pensée et de son inspiration.

Les éléments tirés de la biographie d'Anselme par son secrétaire Eadmer font revivre historiquement l'abbé du Bec, l'archevêque de Canterbury, le moine, l'homme d'Église, le saint. Nous regrettons un peu que les limites de ce livre aient rendu nécessaire un choix dans le témoignage d'Eadmer et qu'aient été retranchés les passages à la fois naïfs et merveilleux qui font de la Vie d'Anselme par son fidèle Eadmer une vie de saint, bien médiévale, avec ses miracles, avec une dévotion sans doute périmée, mais pittoresque et sincère. Signalons qu'Eadmer n'a pas pu dire et n'a pas dit (p. 16) qu'Anselme, étudiant laïque, fatigué par le travail, les veilles, le jeûne, a pensé que « s'il se faisait moine... il n'aurait plus à souffrir tout ce qu'il supportait alors de pénible » ; mais il a dit plutôt « qu'il ne souffrirait rien de plus pénible que ce qu'il supportait alors ».

La R. M. Dickson nous donne quelques-uns des principaux textes d'Anselme. Ce sont d'abord des textes théologiques, qui nous font suivre les démarches intellectuelles et spirituelles d'Anselme pour mieux connaître Dieu : préface du Monologion, ensemble du Proslogion, suivi des dix premiers chapitres du Cur Deus homo (qu'il ne faut pas traduire « Pourquoi un Dieu homme », comme s'il pouvait y avoir plusieurs dieux hommes, mais « Pourquoi Dieu fait homme »). Quelques lignes présentent chacun de ces extraits et en définissent l'intérêt. Anselme a appelé à l'aide toutes ses facultés dans l'élan qui l'entraîne : la foi, mais aussi la raison, car s'il part de la foi, c'est pour que la raison, comme tout l'être, participe à l'adhésion de la créature au Créateur. On connaît la formule d'Anselme, ce premier rationaliste : fides quaerens intellectum, « la foi cherchant l'intelligence », c'est-à-dire « la foi cherchant la compréhension, l'assentiment de la raison ». Pourquoi la R. M. Dickson traduit-elle (p. 12) « la foi qui cherche la vision » ? Il ne s'agit pas de vision, d'une vision que la foi, après tout, suffirait à procurer : Y intellectus est une vision bien particulière, c'est « l'intelligence rationnelle » (à la page 108, intellectus est bien traduit « intelligence »), cette intelligence sur laquelle repose le fameux argument ontologique du Proslogion.

Foi, raison, tout pousse Anselme à l'effusion, à la prière, qui pénètre ses traités les plus abstraits. Il est bon d'avoir donné, en exemple de la spiritualité anselmienne, une Méditation sur la Rédemption. Mais pourquoi l'avoir appelée « Méditation orante », alors que ce terme à'orante n'a en français qu'un sens technique n'ayant rien à voir ici et ôte au texte d'Anselme la belle simplicité de l'oraison en laquelle se fond la méditation ?

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw