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Roger Dion. — Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle.

[compte-rendu]

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Roger Dion. — Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle. Paris, 1959 (chez l'auteur, 10, rue Benouville, Paris XVIe), in-8°, xii-768 pp., cartes, planches.

Qu'on veuille excuser le retard avec lequel je joins ma voix à toutes celles qui ont déjà dit les rares mérites de cet ouvrage, auquel, on le sent bien, le temps n'a pas été mesuré, et qui en tire beaucoup de plénitude dans la pensée comme d'aisance dans l'exposé.

Son titre dit précisément son objet. Il ne s'agit d'une étude, ni des anciennes sociétés viticoles, ni de l'économie viticole à travers les âges, encore que le volume contienne nombre d'indications qui seraient à retenir pour de tels sujets. Rappelons brièvement les grands thèmes élaborés par l'auteur pour la partie médiévale de son ouvrage. Héritage de l'antiquité, le vignoble de qualité a été préservé ici et là par les évêques et, avec moins de constance, par les monastères et les princes. Depuis le xie siècle, le renouveau commercial se traduit par un appel croissant, venu surtout des grands marchés du Nord (Paris et sa région, Pays-Bas, Angleterre).

Cet appel suscite d'abord le réveil ou la naissance des vignobles les plus proches, région de Laon, vins de « France », crus rhénans et mosellans. Toutes régions qui produisent des vins limpides, moins sujets à cette corruption que la technique rudimentaire de vinification ne savait pas encore prévenir. Mais leurs vendanges sont fort inégales, et de toute façon elles n'auraient pas suffi à la demande. Aussi des zones un peu plus lointaines se trouvent-elles bientôt sollicitées : pays de l'Yonne, de l'Allier et de la Loire. Surtout, les progrès de la navigation atlantique accompagnent la naissance des vignobles d'Aunis et de Saintonge, autour de La Rochelle • — région anciennement fréquentée pour son sel, — et aussi, mais plus tard, la croissance du vignoble bordelais, qui est principalement un fait du xme siècle. Ce n'est d'ailleurs également qu'au xme siècle que débute l'essor des vignobles de Beaune et du Jura, essor qu'une politique protectionniste empêche de gagner au-delà du Maçonnais.

Somme toute, à la fin du moyen âge, la situation du vignoble français est encore dominée par des éléments étrangers aux pures aptitudes géographiques : médiocrité des techniques de vinification, difficulté des communications, jeu des facteurs politiques. Le rôle de l'époque moderne sera de les surmonter, et d'assurer une meilleure adaptation de la production aux besoins des consommateurs.

L'auteur a réuni et mis en ordre une documentation considérable : textes juridiques, témoignages littéraires et artistiques. Tout n'y est pas d'égale valeur. Ainsi, lorsque fra Salimbene affirme des Auxerrois vers 1245 : « Les gens de ce pays... ne sèment point, ne moissonnent point, n'amassent point dans les greniers. Il leur suffit d'envoyer leur vin à Paris... », cette remarque fait écho à un texte évangélique sur les oiseaux du ciel (Matth., VI, 26) ; justement pour cette raison, il ne convient sans doute pas de la prendre trop au pied de la lettre. Mais telle réserve de détail n'empêche pas l'ensemble habilement coordonné par l'auteur d'emporter le plus souvent la conviction.

Histoire ecclésiastique, histoire politique, histoire littéraire, il n'est presque pas de branche à laquelle le

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