Couverture fascicule

Roger Dion. — Histoire des levées de la Loire.

[compte-rendu]

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Roger Dion. — Histoire des levées de la Loire. Paris, 1961 (chez l'auteur), 312 pp., 25 fig. dans le texte, 20 photogr. h. t.

De sa thèse sur le Val de Loire (1934), M. R. Dion a réédité sous le titre Histoire des levées de la Loire l'une des parties les plus séduisantes et les plus neuves, dans un volume maniable, bien imprimé et largement illustré. Les quatre premiers chapitres (p. 12-76) étudient les aspects géographiques de la vallée et hydrologiques du fleuve avec une minutie peut-être un peu technique et éprouvante pour le lecteur historien, lequel aurait apprécié que ces chapitres de géographie soient refondus à la mesure d'un ouvrage d'histoire. Le chapitre v (p. 75-102) est une évocation précise de l'occupation du val de Loire avant la construction des levées. L'histoire des t u r c i e s médiévales occupe les pages 103 à 137, tandis que les chapitres suivants (p. 139 à 248) retracent les vicissitudes des levées modernes à travers les intérêts contradictoires des seigneurs, des corporations de marchands, des grands propriétaires, les variations doctrinales des services techniques, l'insouciance et la précipitation des gouvernements dans un véritable « drame aux aspects multiples » (p. 248).

« La construction des levées marque l'aboutissement d'un effort de colonisation qui, plus de mille ans avant que n'apparût au xne siècle la première d'entre elles, avait déjà réussi à installer dans le champ d'inondation de la Loire, encore vierge de tout aménagement, des habitations et des cultures » (p. 10). Le Val de Loire, en effet, offre aux hommes une double tentation : celle de la vie de relation par le fleuve, ses gués ou ses passages, ses chemins de rive (p. 112), et celle de l'utilisation agricole des alluvions du lit majeur. Ce bourrelet fournit les ressources de ses bois, de ses pacages qui, défrichés, donnent des labours légers préférés aux terres lourdes des coteaux et qu'enrichissent les limons déposés par les crues. Lorsque les chantiers, c'est- à-dire les parties les plus élevées de la zone alluviale (cf. p. 100), ne sont pas trop étendus pour éloigner exagérément le fleuve des coteaux, lorsque la dépression latérale, remplie des eaux de crues ou, à la saison des basses eaux, des suintements du coteau (p. 29), ne rend pas trop difficile le passage de la rive au bombement alluvial, les villageois installés à l'abri des crues sur les coteaux ont pu profiter des avantages du val sans y habiter. Mais de Tours au confluent de la Maine, c'est-à-dire dans le comté d'Anjou, l'extension des chantiers et de la dépression latérale les a amenés à construire leurs villages dans le lit majeur même du fleuve pour garder un contact facile avec la voie d'eau et exploiter le terroir alluvial. M. Dion montre alors, dans un chapitre fort suggestif, comment dès la période préhistorique le peuplement du Val d'Anjou s'est fait sur les moindres buttes insubmersibles, voire sur des tertres de rive construits de main d'homme, ébauchant spontanément les premiers travaux d'aménagement du Val (p. 75-121), mais plus soucieux de protéger les villages que les champs. L'intervention d'Henri II Plantagenet, vers 1160/70, vise, elle, à assurer surtout la défense des terres de labour. En établissant sur les t u r c i e s des hôtes spécialement chargés de leur entretien et de leur défense, il ouvre la voie à une colonisation accrue de la zone submersible (p. 124-134). Avec Louis XI un nouvel effort du pouvoir central est fait pour compléter et renforcer une protection que l'accroissement du peuplement rend désormais nécessaire, et surtout pour fixer sur la levée les routes commerciales. En donnant satisfaction « aux villes et aux corporations de marchands », il crée « cette situation avec laquelle commence la phase moderne de l'histoire des digues de la Loire » (p. 131- 137)-

L'étude ainsi présentée justifie l'intérêt qu'y prenait Marc Bloch et que M. Dion rappelle dans son introduction. Le capitulaire de Louis le Pieux, de 821, prévoyant la construction â'aggeres le long de la Loire traduit, après le célèbre capitulaire Devillis, l'effort carolingien d'organisation économique qu'interrompent les crises du ixe siècle. La politique d'Henri II Plautagenet est un épisode du grand mouvement de défrichement du xiip siècle : ce sont les seigneurs qui, tels les abbés de Saint-Florent de Saumur faisant « poursuivre depuis un siècle au moins d'actifs défrichements dans la vallée sur les territoires de Saint-Martin de la Place

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