Couverture fascicule

John T. Appleby. — John, King of England.

[compte-rendu]

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COMPTES RENDUS

John T. Appijeby. — • John, King of England. New York, Knopf, 1959, in-8°, xin+319+xv pp.

Pour qui demeure fidèle à la conception narrative et biographique de l'histoire, Jean sans Terre pose un problème. Tracé à l'aide des malveillantes anecdotes de Roger de Wendover (lequel écrivait quinze ans au moins après la mort du roi), anecdotes enjolivées encore par ce maniaque de la médisance qu'était Matthieu Paris, le portrait brossé de lui par l'historiographie du siècle dernier présentait un homme profondément mauvais, violent et lâche, pervers et perfide, inepte politique et auteur responsable de la ruine de l'Empire angevin. A ces jugements de valeur, Petit-Dutaillis avait ajouté un diagnostic de psychiatre — il voyait en Jean un cyclothymique — qu'aucun historien d' outre-Manche n'a pris au sérieux, car il avait le tort de se fonder sur les mêmes anecdotes, dont l'authenticité n'est pas à l'abri de tout soupçon. La publication des archives judiciaires et financières du règne a fait apparaître le souverain sous un jour très différent. Au paresseux qui s'adonnait aux plaisirs de la table et de l'alcôve tandis que Philippe Auguste s'emparait de la Normandie, s'est substitué un administrateur aussi tatillon que son père Henri II, dont il ne fit qu'accentuer les méthodes arbitraires de gouvernement (cf. J.H.A. Jolliffe, Angevin Kingship, Londres, 1955), un juriste pointilleux et conscient de son rôle de justicier suprême (cf. Lady Stenton, King John and the Courts of Justice, dans « Proceed. Brit. Acad. », 1958). Aussi, les dernières études d'ensemble sur le règne, qu'il s'agisse de Sidney Painter (The Reign of King John, Baltimore, 1949) ou d'Austin L- Poole (Front Domesday Book to Magna Carta, Oxford, 195 1), ont-elles présenté un portrait plus nuancé et que les tenants de l'école traditionnelle n'hésitent pas à qualifier d'édulcoré (roseate : le mot est du Rev. J. Dickin- son). Il reste, ce qui demande explication, que le roi ne fut pas aimé, bien qu'il ait suscité quelques fidélités à toute épreuve et, chez certains chroniqueurs, une admiration mêlée de crainte. Il reste que, convaincu qu'il ne pouvait se fier à personne, il accentua progressivement sa « tyrannie », élargissant d'autant le cercle de ses ennemis. On peut tenter d'expliquer cet engrenage fatal soit de l'intérieur, en analysant les méthodes de gouvernement du dernier et du « plus grand des Angevins », afin de montrer comment il en cassa les ressorts trop tendus : c'est ce que vient de faire, en s'inspirant des travaux érudits des cinquante dernières années, l'ouvrage de bonne vulgarisation de W.L. Warren (King John, Londres, 1961) ; soit en étudiant le groupe social des opposants au régime, comme le fait, de façon pénétrante, le livre tout à fait remarquable de J.C. Holt, The Northeners. A Study in the Reign of King John (Oxford, 1961).

On excusera cette longue introduction bibliographique, nécessaire pour situer l'ouvrage qui nous parvient assez tardivement d'outre-Atlantique. Bile aura l'avantage supplémentaire de nous dispenser d'une longue recension. John T. Appleby connaît la monographie de Sidney Painter, auquel il reproche de ne pas présenter les faits dans un ordre strictement chronologique. Pour établir les annales du règne qui, selon lui, sont indispensables à toute biographie et doivent suivre pas à pas son héros du berceau à la tombe, il reconnaît s'être appuyé avant tout sur les chroniqueurs, c'est-à-dire précisément sur Roger de Wendover et sur Matthieu Paris, dont il accepte toutes les fables, y compris celle qui fait échouer Charlemagne, pendant sept ans, au siège de Montauban (p. 135) x. Il y ajoute, chemin faisant, des citations de celles des lettres patentes ou closes qui lui semblent les plus révélatrices — et qui n'ont souvent qu'une valeur anecdotique. L'analyse de la Grande Charte qu'il donne en appendice résume les vues de McKechnie (1914). Il ne semble

1. Autre exemple d'une foi aveugle dans les chroniqueurs : Appleby (p. 271) raconte la perte totale des trésors du roi, engloutis dan.- les marais du Wash, quelques jours avant sa mort. Plusieurs historiens avaient flairé l'amplification. J. C. Holt (King John' s Disaster in the Wash, dans « Nottingham Médiéval Studies », 1961) vient de rédtiire l'incident à de minimes proportions. — Ajoutons que Geoffroy de L,usignan n'était pas frère d'Hugues de la Marche et de Raoul d'Eu, mais leur cousin (p. 210), comme l'a montré Sidney Painter (The Houses of I.usignan and Châtellerault, 1150-1250, dans « Spéculum », 1955).

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