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Louis Kukenheim. — Judeo-gallica ou Gallo-judaïca? Avec une bibliographie chronologique de 1750 à 1962

[compte-rendu]

Année 1964 7-27 pp. 341-343
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, S0, 26 pp. (Tir. à part de « Neophilologus », t. XLVII, 1963, x>. 89-111.)

Ce qui nous est présenté comme « une modeste synthèse » (p. 19) s'élève, en fait, à des méditations philosophiques sur l'histoire juive avec un léger reflet théosophique. En moins de vingt pages, M. Kukenheim réussit à brosser l'histoire des Juifs en France (p. 1-5), à traiter de la littérature et de la langue des Juifs en France (p. 5-10), à analyser les travaux consacrés à ce sujet (p. 10-12), à relever l'apport des Juifs à la littérature et à la pensée française, à dégager l'importance de l'étude de la langue des Juifs au moyen âge pour notre connaissance de l'ancien français (p. 12-17) et> enfin, à mettre tous ces matériaux dans le contexte historique, linguistique et culturel des Juifs mêmes (p. 17-19). Malgré quelques envolées, le travail reste bien dans le domaine du moyen âge, réservant une place d'honneur aux questions de langue.

Comme dans son Guide et dans son Esquisse, M. Kukenheim fait preuve, une fois de plus, d'un rare talent qui joint à l'esprit de synthèse un souci constant de précision : les généralisations sont corrigées par des exemples pertinents, les détails significatifs ne sont jamais sacrifiés. L'idée d'ensemble se dégage facilement, sans qu'on manque pour cela d'apprendre des faits précis. Honnêteté aussi, puisqu'on ne peut se dérober à la critique sous prétexte d'être resté dans la généralité.

M. Kukenheim anime devant nous vingt siècles de vie juive sur le sol de France : leur densité culturelle avait rayonné en dehors dans les communautés chrétiennes de France comme dans les communautés juives d'Allemagne, de Pologne, de Russie même, et se rattachait aux communautés d'Espagne et d'Afrique du Nord.

L'intensité de cette vie culturelle ne fut pas ébranlée par la « concurrence missionnaire », comme on pourrait croire (p. 4) ; elle ne le fut même pas pendant les exactions dues à la « concurrence économique ». Elle suit la même courbe ascendante, à partir du XIe siècle, chronologiquement et géographiquement, qui fut celle des centres chrétiens au Languedoc, en Normandie, en Champagne, dans l'Ile-de-France. Ce que les Juifs considèrent aujourd'hui comme des persécutions, ce n'était, dans les façons d'agir du moyen âge, que des luttes où ils se défendirent en hommes libres, conscients de leurs droits. Même après la première expulsion en 1306 (donnée, à tort, comme finale, ibid.), les Juifs résidèrent encore en France jusqu'en 1394, entretenant une certaine activité intellectuelle. Malgré les luttes contre les chancelleries royales, malgré les

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