Couverture fascicule

Ywain and Gawain, éd. Albert B. Friedman et Norman T. Harrington

[compte-rendu]

Année 1964 7-27 pp. 339-340
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, LXii-145 pp. (« Early English Text Society», 254.)

A.B. Friedman et N.T. Harrington ont édité, pour la « Early English Text Society », l'unique manuscrit d' Ywain and Gawain, contenu dans le Cotton Galba E.IX. Ce ms. du début du xve siècle avait déjà été publié en 1802 par Joseph Ritson (Ancient English M etrical Romances , 1. 1, 1-169 ; t. III, 225-242) et en 1887 par Gustav Schleich (Oppeln et Leipzig). Mais il est ici remarquablement présenté, avec une scrupuleuse fidélité et un appareil critique de valeur.

Le poème (en 4032 octosyllabes rimes et souvent allitérés) a été composé, entre 1325 et 1350, par un conteur du Nord qui condense, à sa façon et dans son dialecte, les 6818 vers du chef-d'œuvre de Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au Lion. Le thème reste identique : conquête d'une séduisante veuve, crises dans les relations sentimentales, folie d' Ywain et guérison, puis série d'exploits rédempteurs où s'accomplit la régénération du chevalier, enfin scène des retrouvailles et du pardon. On y remarque les épisodes classiques : sauvetage d'une gente dame, luttes contre un dragon, un géant, un baron pillard, trois méchants chevaliers, deux monstres et, pour couronner le tout, contre messire Gawain, le plus redoutable des adversaires.

Les spécialistes de Chrétien seront intéressés par ce texte, car le poète a travaillé directement sur un ms. français, bien que sans mentionner jamais directement par son nom l'auteur de sa source. D'après Schleich, cette source serait plus proche de l'original de Chrétien qu'aucun des mss. connus jusqu'à ce jour. Il est remarquable que le texte anglais s'inspire davantage de la « matière » que de la « manière » de l'écrivain français. Il s'agit en fait d'une adaptation large et rapidement conduite : les raffinements de l'amour courtois cèdent la place aux faits d'armes, et les exposés psychologiques, même les plus nécessaires à la compréhension du drame, sont tout simplement supprimés. Le poète dédaigne les argumentations subtiles, les dilemmes moraux et les conflits du cœur. Il abrège, scinde, tranche, indifférent aux effets de la rhétorique et de la casuistique. (Ainsi la genèse de l'amour qui unit Ywain à Laudine et l'exposé du problème douloureux que pose une telle passion, développés par Chrétien en 239 vers, sont réduits à 39 vers dans le récit anglais.)

En revanche, on peut noter quelques additions, en particulier des insertions assez personnelles sur des aspects juridiques, deux prières, une fin plus précise. Certaines améliorations valent aussi d'être signalées, spécialement dans le domaine géographique, insularisé, et dans la description des lieux, modifiée ou normalisée. Le mouvement du poème grandit grâce aux procédés d'élimination et de condensation ; l'action est beaucoup plus rapide et entraînante, mais les nuances, les allusions, les habiletés disparaissent, ainsi que les détails des cérémonies ou des costumes. L'ironie et l'esprit très fin du texte français font défaut, tandis que la tendance britannique à 1' « understatement » évite tout déploiement d'émotion excessive. Par suite, les caractères les plus élaborés perdent de leur netteté et de leur consistance. On peut même regretter quelques confusions et obscurités, dues à l'abus des coupures.

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