Couverture fascicule

Philippe Ménard. Éd. Les poésies de Guillaume le Vinier

[compte-rendu]

Année 1971 14-55 pp. 292-293
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COMPTES RENDUS

, 160, 281 pp. (« Textes littéraires français », 166).

Le premier mérite — mais non le seul, on le verra — de cet élégant petit livre est de nous permettre l'accès aux poésies d'un trouvère qui, pour reprendre les termes mêmes de l'Avant-propos de cette édition, « méritait d'être tiré de l'oubli ». Pour la première fois en effet, grâce à Philippe Ménard, se trouvent rassemblées et comme à portée de la main les trente-cinq poésies de Guillaume le Vinier, jusqu'ici dispersées dans des recueils difficilement accessibles et publiées parfois sans les garanties scientifiques que nous jugeons maintenant indispensables en la matière.

Dans l'Introduction, Ph. Ménard fait d'abord le point sur l'auteur et sur l'œuvre en une cinquantaine de pages, denses et présentées avec rigueur. Une courte notice biographique (p. 1-11), après avoir situé l'activité poétique de Guillaume le Vinier « dans la première moitié du xme siècle » (p. 4) , s'attache à identifier les principaux personnages auxquels fait référence le trouvère — ce qui est une manière aussi habile que légitime de le « replacer » dans le contexte historique et littéraire de son temps — et conclut à l'incontestable réputation qui fut celle de ce poète aujourd'hui injustement méconnu. Suit une présentation, complète et détaillée, de la tradition manuscrite des œuvres du Vinier (p. 12-26). Pas moins de vingt manuscrits renferment des œuvres du trouvère et c'est assez dire la difficulté que présentait le choix des critères à retenir pour l'établissement du texte. Ph. Ménard s'en explique d'ailleurs avec autant de modestie que de pertinence dans les pages 22 et 23 de son Introduction. Il choisit finalement d'éditer, pour chaque pièce, le manuscrit qui lui paraît le meilleur, en le corrigeant le moins possible, et décide de regrouper par genres littéraires les différents poèmes — solution intelligente qui facilite les comparaisons de pièce à pièce. On peut regretter toutefois de ne pas trouver, dans l'Introduction elle-même ou en annexe, un tableau récapitulatif faisant apparaître la place occupée dans les manuscrits par chacune des pièces (nous pensons en particulier aux mss. a, Z et A) : quels que soient en effet les accidents de transmission manuscrite évoqués par Ph. Ménard (p. 15), les chercheurs qui s'interrogent sur la valeur à accorder à l'ordre médiéval de succession des poèmes dans un corpus, en ce qui concerne notamment la définition des genres littéraires au moyen âge, auraient pu trouver là matière à réflexion. Les pages 26 à 40 sont consacrées par Ph. Ménard à un examen très consciencieux et très documenté des faits de langue — cette « langue littéraire teintée de picar- dismes » (p. 26) — et de versification. Enfin, l'Introduction s'achève sur une brève étude (p. 40-46) de la « valeur littéraire » de l'œuvre. L'accent y est mis, à juste titre, sur la diversité des genres pratiqués qui atteste le « souple talent » du trouvère (p. 41). Ph. Ménard y montre aussi, avec une objectivité louable, les limites du Vinier, reconnaissant volontiers qu'il manque à sa poésie, « sereine et souriante », un peu « d'élan, de flamme, de frémissement » (p. 42) ; on y trouve par contre nombre d' « images originales » ainsi que « de l'esprit, de l'humour, de l'ironie » (p. 45). Une bibliographie assez étoffée achève cette première partie de l'ouvrage (p. 47-54). Son utilisation aurait peut-être été facilitée par un regroupement que sa richesse même rendait souhaitable (nous pensons en particulier aux nombreux recueils de proverbes médiévaux qui y sont répertoriés).

L'édition proprement dite de l'œuvre (p. 55-244) présente, nous l'avons dit, les différentes pièces en les regroupant avec bonheur par genres littéraires : Chansons d'amour (subdivisées en Chansons sans refrain et Chansons à refrain), « Reverdie » et Chanson de « mal mariée », Chansons à la Vierge, « Lai » et « Descort », « Jeux-Partis », Pastourelles. On ne saurait mieux mettre en valeur la variété du talent de l'auteur. Chaque pièce est précédée d'une notice succincte où Ph. Ménard signale d'abord les manuscrits qui renferment le poème, puis étudie la tradition manuscrite et justifie ainsi le choix de son manuscrit de base ; suivent la référence aux éditions antérieures et la présentation des schémas métrique et musical. En bas de pages on trouve l'apparat critique à deux étages : les leçons rejetées du manuscrit de base d'une part, la varia lectio d'autre part. Enfin, de précieuses remarques font suite au texte. A cet égard, on voudrait dire toute l'admiration qu'on éprouve à les lire, tant pour la finesse littéraire qu'y témoigne Ph. Ménard que pour l'érudition tout à fait remarquable dont il fait preuve. Pour nous en tenir à un seul exemple, les études de vocabulaire portant sur des termes rares et difficiles de la langue de la fauconnerie enrichissent notablement notre connaissance de la langue médiévale dans ce domaine (p. 65, n. 24 ; p. 243, n. 28, 30, 33, 34, 35 ; rapprocher la note sur malvis, p. 121).

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