Couverture fascicule

Johannes Blund. — Tractatus de anima, éd. D. A. Callus, o.p., et R. W. Hunt

[compte-rendu]

Année 1971 14-56 pp. 361-362
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D.A. CAIXUS/R.W. HUNT

, 8°,xxiv-i27 pp. (« Auctores britannici medii. aevi », 2).

Depuis 1943 le p. Callus avait attiré l'attention sur John Blund et son traité De anima dans un long article sur l'introduction de l'aristotélisme à Oxford {Introduction oj Aristotelian Learning to Oxford, dans « Pro- ceedings of the British Academy », XXIX, 1943, p. 229-281) ; en 1955 il avait consacré un autre article à ce texte qu'il comptait publier (The Treatise of John Blund On the Soûl, dans Autour d'Aristote, « Mélanges Mansion », Louvain, 1955, p. 471-495), mais l'édition paraît après sa mort, par les soins de R.W. Hunt qui, dans la Préface, nous dit jusqu'où était arrivé le travail du p. Callus. Il avait préparé le texte, l'apparat critique et l'apparat des sources jusqu'au chapitre XXV; pour les chapitres XXV-XXVI le livre a été rédigé par M. Hunt, qui est aussi l'auteur de l'introduction.

John Blund est né vers 1175 ; il fut maître es arts à Paris vers 1200 et ensuite à Oxford ; il retourna à Paris pour y étudier la théologie et abandonna cette ville lors de la grève de 1229 pour revenir en Angleterre. En 1232 il fut élu archevêque de Canterbury, mais non consacré; il eut la charge de chancelier de la cathédrale de York en 1234 e"t ^a conserva jusqu'à sa mort, en 1248.

Le traité De anima, dont trois manuscrits sont actuellement connus, date des années de son magistère es arts, car l'auteur dit dans le chapitre II que les questions sur l'essence de l'âme, sur sa substanti alité, sur ses rapports avec le corps (qui sont précisément celles dont s'occupe le traité) appartiennent à la philosophie de la nature et à la métaphysique, non à la théologie. L,e p. Callus avait remarqué que le De anima de John Blund a beaucoup en commun avec le De naturis rerum d'Alexandre Nequam (1157-1217), mais il pensait — et M. Hunt se range à son avis — qu'Alexandre Nequam avait puisé au traité de John Blund, et non viceversa. Or puisque le De naturis rerum n'est pas postérieur à 1204, le Tractatus doit être des toutes premières années du xme s., sinon des dernières du xne. C'est un des premiers témoins de l'influence d'Avicenne sur la pensée du moyen âge latin : il suit en effet le schéma du De anima d'Avicenne : existence et nature de l'âme; différentes opinions sur la nature de l'âme; unité de l'âme dans ses trois puissances : végétative, sensitive, intellectuelle; examen des différentes manifestations de ces trois formes de vie. Un long examen est consacré à la vie sensitive : on y traite des cinq sens extérieurs et des sens intérieurs (sens commun, imagination, estimative, mémoire) ; enfin on traite de l'âme rationnelle et de ses facultés.

M. Verbeke a remarqué dans son introduction à l'édition critique du De anima d'Avicenne que « la principale lacune du traité aristotélicien n'a pas été comblée : on n'y trouve pas l'étude approfondie de la volonté ou du libre arbitre » (avicenna latinus, Liber de anima, éd. S. Van Riet, Louvain, 1968, p. 8*) ; or Blund a comblé cette lacune dans le chapitre XXVI de son traité en puisant surtout au De libertate arbitrii de saint Anselme. Il répète en effet plusieurs fois la définition anselmienne du libre arbitre : potestas servandi rectitudinem voluntatis propter ipsam rectitudinem et nie que le libre arbitre soit le pouvoir de pécher ou de ne pas pécher. Des pages entières résument la doctrine anselmienne sur la liberté, et l'apparat des sources le montre. Je crois que Blund connaît aussi le De concordia de saint Anselme car il dit : Tune autem conservatur voluntas in rectitudine quando solum vult homo 'quod Deus vult ipsum velle (n. 365), et Anselme, De Concordia, I, 6 : ... quae rectitudo tune tantum est in aliquo, cum ipse 'vult quod deus vult ipsum velle', phrase que je n'ai pas trouvée dans le De libertate arbitrii. Anselme n'est pas le seul auteur chrétien utilisé par Blund : saint Augustin est souvent cité, et peut-être un des arguments pour l'immortalité de l'âjne (n. 322) vient-il du De immortalitate animae (XII, 18-19) de saint Augustin. Boèce aussi est cité à propos de l'âme du monde, et du libre arbitre (ailleurs il est utilisé sans être nommé).

L'intérêt du De anima de Blund me semble surtout de témoigner d'une culture philosophique aux confins du xne et xme s. : Blund discute encore des problèmes caractéristiques duxne s., comme celui de l'âme du monde, à l'égard de laquelle il conclut : Dicimus mundum non habere animam... Non credimus enim aliam mundi esse animam quant Spiritum Sanctum regentem et vivificantem universum (n. 360), et s'il apprend beaucoup d'Avicenne, il ne s'aperçoit pas de l'importance de certains thèmes qui seront longuement discutés au xnie s. : par exemple celui de l'intellect agent, duquel il dit seulement : Intellectus agens est vis anime apprehensiva rerum universalium abstrahendo eas ab accidentibus (n. 341), ce qui n'est pas du tout la conception d'Avicenne. Encore : [presque tous les auteurs du xnie s. ont puisé dans Avicenne les

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