Couverture fascicule

Hugues de Saint-Victor. — Six opuscules spirituels. Introd., texte critique, trad. et notes p. Roger Baron.

[compte-rendu]

Année 1972 15-59 pp. 226-227
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, 144 pp. (« Sources chrétiennes », 155).

Faisant suite à l'édition du De contemplatione et eius speciebus, d'inspiration hugonienne, ces « six opuscules spirituels » nous offrent les linéaments d'une spiritualité dont Richard de Saint- Victor fut le docteur. Roger Baron les présente excellemment : clarté et cœur ! L,e De meditatione est consacré à la recherche de Dieu par admiration du monde créé, lecture des Écritures et réflexion sur les mœurs. I,e De Verbo Dei est une exégèse spirituelle de versets de l'épître aux Hébreux : la Parole de Dieu est l'instrument de tout discernement du monde et de l'homme. Le De substantiel dilectionis exalte la « charité ordonnée », amour « intérieur » qui « court » de la création à Dieu. Le Quid vere diligendum est insiste sur la misère de l'homme qui oublie que le bonheur est lié à Dieu, Souverain Bien. Le De quinque septenis, plus connu, déjà présent dans les grandes éditions des xvie-xvne s., articule autour des 7 demandes du Pater, les 7 vices et vertus, les 7 béatitudes et dons du Saint-Esprit. C'est une œuvre typique de l'École victorine. De même le De septem donis Spiritus sancti, évoquant la multiplication de l'Esprit dans l'âme fidèle.

S'agit-il vraiment d'œuvres de Hugues? R. Baron l'affirme, se référant à deux « instances de légitimité » : leur mention dans YIndiculum Oxford Merton Collège 49 et leur présence dans l'un ou l'autre des mss. victorins, Paris Maz. 777 et Paris BN 14J06. Pourtant on doit noter qu'il n'est pas toujours aisé de distinguer ce qui est à Hugues et ce qui est à certains de ses disciples, comme Richard : la comparaison du De quinque septenis avec YExpositio in Abdiam que d'aucuns disent ricardienne, est suggestive à cet égard.

Néanmoins la position de R.B. est sérieuse. Nous lui reprocherions plutôt son silence à l'égard de Richard; pour la critique interne, cela eût été précieux, car le disciple ne calque pas toujours le maître ! Ainsi dans le De Verbo Dei, la « division de l'âme et de l'esprit » (He 4, 12) est un discernement moral [op. cit., p. 64 et ss.) ; dans le De exterminatione mali (III, 18, P.L. CXCVI, 1114), c'est la distinction de l'anima et du spiritus, gemïna vis (eiusdem) essentiae. Si l'on excepte Super Hierarchiam, Richard est toujours plus « philosophe » et plus audacieux que Hugues.

Il n'est pas très utile de contester l'affirmation catégorique (p. 7) de l'origine yproise de Hugues de Saint- Victor. Les tenants d'Hamersleben ne manquent pas d'arguments qui ne valent, comme les autres, qu'en fonction du postulat adopté (cf. Les origines de Hugues de Saint-Victor, notre article dans « Rev. des Se. relig. », t. XXXIV, 1960, p. 74-83).

Mais nous attachons plus d'importance à la traduction, certes agréable à lire, qui n'évite pas, hélas, le défaut de toutes les traductions. Si, par exemple, « recherche » (p. 45) traduit assez bien investigatio, le mot n'exprime pas vraiment ce cheminement « à la trace de Dieu » qu'imagine Hugues, pour qui l'univers est symbolique au sens fort du terme. De même « sujets » pour subjecti n'évoque pas la hiérarchie dionysienne sous- entendue. Etc.

Plus tendancieuse est la traduction de la triade caro et spiritus et mens par « la chair et l'esprit et l'âme profonde » (p. 64-65; cf. p. 20). « A la chair se rapporte la délectation; à l'esprit, la pensée (cogitatio) ; à l'âme profonde (mentem), le discernement « (ibid.). R. Baron parle avec juste raison des développements en spirales, propres à Hugues (p. 17) et il cite cogitatio, meditatio, contemplatio puis meditatio, speculatio, contemplatio. Or, cette pensée progressive permet-elle la traduction proposée? Qu'est-ce que la cogitatio} Correspond-elle vraiment à « l'esprit », au sens que nous donnons habituellement à ce nom? Il s'agit non de

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