Couverture fascicule

André Dupont (1897-1972)

[note biographique]

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NÉCROLOGIE

André DUPONT

1897-1972

Professeur honoraire à la Faculté des Lettres de Montpellier, André Dupont s'est éteint le 13 septembre 1972, et a été inhumé à Saint-Hippolyte-du-Fort où il était né en 1897. Mise à part la première guerre mondiale, au cours de laquelle il gagna, à Verdun, la croix de guerre, sa vie s'est tout entière déroulée en Languedoc, aux Lycées d'Alès et de Nîmes, puis à la Faculté des Lettres de Montpellier, où il enseigna de 1942 à 1967

Enseignant remarquable par l'exemplaire clarté de ses cours, la solidité de leur information et leur scrupuleuse objectivité, il eut à faire face, dans les chaires d'histoire de Languedoc et d'histoire du moyen âge, qu'il occupa successivement, à l'écrasante variété des programmes. Protestant convaincu, il prononça de nombreuses conférences consacrées à l'histoire du protestantisme, et composa sur Rabaut-Saint-Étienne une solide biographie en 1946. Mais son domaine de prédilection était, sans conteste, le haut moyen âge, et particulièrement le Languedoc durant cette période, auquel il a voué l'effort essentiel de sa recherche.

Languedocien, cet homme discret et modeste l'était avec passion. Il aimait sa ville de Nîmes, où il résidait, et sur laquelle il a écrit un livre de présentation, bref et brillant, de même qu'il aimait Saint-Hippolyte, avec son maset ancestral dans l'ombre des pins et au milieu des parfums de la garrigue. L'amour qu'il portait à sa terre, à ses hommes et à ses paysages, a condiùt tout naturellement l'historien à l'étude de la civilisation languedocienne. Trop sérieux pour rejeter ou négliger l'indispensable appui de la chronologie, il connaissait, dominait et, quand il le fallait, enseignait dates et événements. A l'occasion, l'histoire politique a retenu son attention et, notamment au fil des congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon dont il était devenu président, il a étudié divers aspects de la politique des comtes de Toulouse. Mais, dès le début de ses travaux, il avait dépassé, sans fracas et sans ésotérisme, l'histoire événementielle. Le phénomène urbain, sous tous ses aspects, avait d'abord retenu son attention. Couronnant une série d'articles préparatoires, sa thèse de doctorat, soutenue en 1941, étudiait Les cités de la Narbonnaise Première depuis les invasions germaniques jusqu'à l'apparition du consulat. Dans cette synthèse devenue classique, il présentait avec vigueur, et avec bonheur, l'évolution de ces cités sous tous ses aspects, à travers une documentation au demeurant fort lacunaire.

Alors que Henri Pirenne venait de souligner avec force les liens entre la renaissance du commerce et l'essor urbain, André Dupont complétait le tableau des cités de la Narbonnaise en étudiant, dans sa thèse secondaire, Les relations commerciales entre les cités maritimes du Languedoc et les cités méditerranéennes d'Espagne et d'Italie du Xe au XIIIe siècle.

Par la suite, A. Dupont, qui a employé la majeure partie de son temps, et de ses forces, à la formation de ses étudiants, a repris et approfondi certains des thèmes abordés dans sa thèse principale. En une série d'articles il a éclairé les origines et l'évolution du consulat à Nimes ou à Beaucaire, l'exploitation du sel sur les étangs de Languedoc et le commerce du sel. Au cours d'une session d'été du Centre d'Études supérieures de Civilisation médiévale en 1964, il avait apporté une fort importante contribution à l'étude de l'aprision, travail qui a ensuite paru dans le « Moyen âge », et qu'il devait compléter encore en 1970. Étudiant cette colonisation espagnole encouragée par les Carolingiens sur quelques terres de la Narbonnaise, il en avait clairement analysé les origines, la forme juridique, la signification économique, l'évolution et le déclin.

Lorsque vint, en 1967, l'heure de la retraite, tandis que l'Université s'engageait dans des voies qu'elle croyait nouvelles, André Dupont a continué de servir l'histoire, et par ses travaux et par la présidence de la Fédération historique. Après quelques mois de maladie, la mort l'a trouvé tel qu'il avait été durant toute sa vie, simple, lucide et courageux.

Henri Vidal.

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