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André Loyen (1901-1974)

[note biographique]

Année 1974 17-66 pp. 191-192
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NÉCROLOGIE

André LOYEN

(1901-1974)

Après Gaston Berger (i960), Mario Roques (1961), René Crozet (1972) et, tout récemment, Paul Deschamps, voici que, en la personne du recteur L,oyen, disparaît avant l'heure le dernier de ceux avec lesquels j'eus personnellement le grand honneur de collaborer pour la fondation du Centre d'Études supérieures de Civilisation médiévale. Moins de deux mois avant de s'éteindre, André Loyen rappelait, au cours d'une réunion du Conseil scientifique de notre institution, que celle-ci avait atteint maintenant l'âge de vingt ans et que l'on devait s'en réjouir, voire solenniser quelque peu cet anniversaire. Il ne sera plus là pour participer à une telle célébration, mais le CÉ.S.C.M. gardera fidèlement mémoire de tout ce qu'il lui doit.

Breton d'origine, comme d'implantation durant la première phase de sa carrière, A. Loyen était né à Belle-Ile en mer le 21 novembre 1901. Après des études au collège de Vannes et au lycée de Rennes, où se fonda sa vocation pour les lettres classiques, il débuta dans l'enseignement comme professeur agrégé au lycée d'Orléans en 1925. Il demeura treize ans dans le second degré, et en 1938 il commençait à enseigner la littérature latine à la Faculté des lettres de Rennes, dont il fut élu doyen après la libération. Entre temps, il avait soutenu une thèse de doctorat fort remarquée (1943) sur Sidoine Apollinaire et l'esprit précieux en Gaule aux derniers jours de l'Empire. Son attachement au Ve siècle le prédisposa sans doute à se montrer très ouvert à toute la culture ultérieure des temps médiévaux.

Il fut nommé recteur de l'Académie de Poitiers l'année même où j'étais désigné pour y assurer l'enseignement de l'histoire du moyen âge. La première audience que je sollicitai de lui me révéla un homme merveilleusement affable, disponible, attentif à ce qui lui était dit, administrateur ponctuel et efficace, fort soucieux de respecter les facteurs humains, en même temps qu'il témoignait par sa conversation de la haute culture classique dont il était imprégné.

Quelques années plus tard, étant associé à la préparation du XIVe centenaire de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, je lui suggérai à cette occasion des «journées d'études mérovingiennes». Sidoine Apollinaire ne pouvait voir Fortunat que d'un œil favorable : ainsi fut assemblé à Poitiers, en mai 1952, sous son actif patronage et la présidence de Charles Samaran, un colloque international dont les actes furent publiés l'an d'après, et sont aujourd'hui pratiquement épuisés. Telle fut la première étape de notre collaboration, qui me permit notamment de saisir combien A. Loyen était désireux d'accueillir les étrangers, collègues ou étudiants. L'orientation naturelle de la circonscription à laquelle il présidait sollicitait les contacts avec l'outre- Atlantique, et spécialement avec le Canada français : Loyen devait être fait plus tard docteur honoris causa de l'Université Laval à Québec.

Or ces relations universitaires internationales, en 1953 encore rares pour Poitiers, allaient brusquement s'amplifier. En octobre de cette année-là, Gaston Berger, directeur général de l'enseignement supérieur, venait faire une visite éclair au recteur Loyen et convoquait dans le cabinet de celui-ci le doyen Joseph Descroix — autre latiniste, — René Crozet et moi-même, esquissant à grands traits devant nous, avec ce sens de la prospective dont il était le prophète, ce que pourrait être à Poitiers, un des pôles de l'art roman, un Centre de Civilisation médiévale.

Si ce nouvel Institut d'Université put devenir une réalité (même à travers de longues difficultés), Crozet et moi l'avons dû à l'esprit pratique et constructif du recteur Loyen. Celui-ci en inaugura la première session avec Berger, Deschamps et Roques, en juillet 1954 : il ne dissimulait pas sa joie. Plus tard, c'est à lui que l'on dut l'acquisition par l'Université d'un hôtel du xvie s., celui de René Berthelot, dans lequel le CÉ.S.C.M. put installer ses collections.

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