2, 8°, 316 pp.

L'ouvrage de Françoise Barteau est celui d'une jeune médiéviste dont les connaissances sont encore fragiles, et qui manque de rigueur : d'où un grand nombre d'erreurs sur les textes, qui procèdent soit d'une lecture trop hâtive, soit d'une méconnaissance philologique de l'ancien français. Cela dit, ce n'est point un livre à mépriser. Du point de vue méthodologique, il ouvre incontestablement des voies qui sont à suivre. Il représente donc une appréciable tentative de renouvellement.

On pourrait dresser un long catalogue des diverses réserves qui s'imposent à l'égard d'une recherche qui affirme trop vite à partir de prémisses erronées. Il n'y a aucun rapport familial entre le géant au manteau de barbes et Estoult l'Orgueilleux Castel Fier. Pechié chez Béroul veut plus souvent dire 'malheur' que 'péché'. L'idée que le couple formé par Tristan et Yseut illustre une « contre-grâce » dont le philtre est le sacrement est séduisante, mais ne résiste pas à un examen minutieux du texte béroulien : lors de leur première entrevue avec Ogrin, les amants affirment leur innocence de cœur, mais ne montrent jamais la moindre révolte. La vraie subversion de Béroul est ailleurs : dans le fait que le couple a pour lui la faveur du peuple et contre lui la jalousie des grands; ou encore que la complicité de Dieu contraste dans leur cas avec la condamnation de l'Église. Et quant aux aspects proprement politiques de ce conflit, Françoise Barteau passe trop vite sur le problème de Marc, souverain d'un royaume menacé d'éclatement s'il perd l'appui de son neveu contre ses grands vassaux.

Cela dit, le plan suivi par l'auteur invite le lecteur à renouveler son approche des œuvres. Une première lecture est conforme à celle de l'histoire littéraire traditionnelle. Cette lecture est dépassée par une enquête sur les structures du récit. Françoise Barteau recourt alors à une lecture idéologique qui débouche sur l'utilisation de la psychanalyse et des théories de Gaston Bachelard. La méthode est fructueuse lorsqu'il