En marge du colloque...1

Le dernier jour du colloque, un nombre relativement important de femmes (38 %) se sont réunies à l'initiative de quelques historiennes danoises et avec l'accord des organisateurs pour échanger des informations sur leurs recherches et commencer un travail de critique qui a été poursuivi après la fin du colloque. Dans cette rencontre et dans les lettres échangées par la suite, il s'est avéré que la critique se cristallise autour de quelques thèmes centraux qui sont : 1. le choix des sujets traités ; 2. le choix des sources ; 3. l'acceptation de préjugés (souvent médiévaux, il est vrai) concernant la femme ; 4. la structure formelle du congrès.

1. Le choix des sujets traités

Gomme on l'a remarqué fort heureusement lors de la séance de clôture, il ne s'agissait pas, dans ce colloque, de la femme, mais d'une catégorie bien déterminée de femmes, à savoir celles de la haute société. Personne n'a parlé des autres : de ces femmes qui ont joué un rôle si important dans le commerce, ni des fondatrices et membres des corps de métiers, ni des directrices d'ateliers, ni des religieuses et des femmes hérétiques, ni des prostituées, des femmes troubadours, des femmes théologiennes, ni des abbesses savantes, ni des femmes détentrices presque exclusives des sciences médicales de leur temps. Comme si tout cela n'avait jamais existé !

Un autre point négatif est que, dans toutes ces conférences, il était question de femmes telles que des hommes les avaient décrites. Pourtant, on sait qu'elles ont existé, ces femmes qui osaient s'exprimer, écrire, souvent malgré les persécutions violentes des hommes jaloux de leur intelligence ou de leurs succès (des théologiennes, par exemple, des femmes poètes, des femmes troubadours, etc.). Pourquoi est-ce que personne n'a parlé de ces textes si précieux ?

2. Le choix des sources

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La question précédente s'applique avec plus de vigueur encore à la conférence sur les sources de l'histoire de la femme, qui était en réalité un exposé sur toutes les sources traditionnelles de l'histoire médiévale, telle que, traditionnellement, elle est pratiquée. Rien dans cette énumération sur :

— les textes que des femmes ont écrits ;

— la façon dont on peut retrouver ces textes ou des allusions à de tels textes ;

— la façon dont on peut « reconstruire » des textes de femmes, trop souvent hélas, on le sait, mutilés par des nommes ;

— la façon dont il faut lire, i.e. relire, Le. réinterpréter les sources énumérées, pour y déceler ce qui est vérité et ce qui est préjugé, mensonge ou malveillance, inspirés par la misogynie des hommes du moyen âge.

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