Couverture fascicule

Hélène Ahrweiler. — L'idéologie politique de l'Empire byzantin, 1975 (Coll. SUP ; l'historien, 20).

[compte-rendu]

Année 1976 19-76 pp. 381-382
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 381

COMPTES RENDUS

Hélène Ahrweiler. — L'idéologie politique de l'Empire byzantin. Paris, P.U.F., 1975, 8°, 160 pp. (Collection SUP ; l'historien, 20),

L'ouvrage de Mme Ahrweiler n'est pas une « histoire de Byzance », c'est une synthèse et une analyse à la fois des principes de l'idéologie politique byzantine, de la manière dont ces principes se sont imposés et ont évolué suivant les événements qui les ont infailliblement modifiés.

Dans cette évolution l'auteur distingue quatre périodes. La première est celle où s'impose la ville-reine sur le Bosphore et où triomphe encore l'idée impériale romaine. L'auteur différencie les étapes « Constantinople avec Rome » et « Constantinople sans Rome », indiquant les multiples raisons qui furent à la base de ce grand détachement et surtout la complexité « des traditions ethniques et des aspirations spirituelles des provinces d'Orient qui imposèrent l'abandon du rêve universaliste et orientèrent différemment la politique des empereurs iconoclastes ». Nous tenons à souligner le jugement personnel porté sur l'iconoclasme, ou plus exactement sur certains côtés de l'iconoclasme « non point comme une nouvelle orientation politique mais comme un changement radical dicté par la nécessité ». Cette optique du problème, considéré dans le cadre des grandes invasions slaves et face au danger arabe, est d'autant plus intéressante que nombre de byzantinistes estiment que l'hellénisation de l'Empire se fait jour dès le vne s.

La troisième période, qui sera celle de l'« impérialisme byzantin » et de la défense de l'orthodoxie, est caractérisée par les grandes conquêtes et aussi par les missions religieuses. C'est la période de l'élite intellectuelle, de Photius et de Nicolas Mystikos, mais aussi celle de Basile II qui prétendait préférer de loin l'annexion de ses territoires, alors que Léon III se contentait de choisir — toujours suivant sa propre déclaration — la justice sur terre.

On pourrait dégager le renouveau de l'antiquité hellénique qui marque la période suivante des xie-xne s. comme une forme des tendances intellectuelles qui se déclarèrent propices à servir le « patriotisme » byzantin. Nous estimons que les pages consacrées au « défi occidental », au « sentiment anti-latin » sont pleines d'idées originales, notamment que cette opposition entre latinité et hellénisme indique clairement l'éloignement de la pax christiana. Parallèlement à l'étude du rôle que joue l'armée sous les Comnènes — rôle comparable en partie à celui de la période isaurienne — , est étudiée sous un aspect nouveau la politique d'Andronic Comnène, l'homme qui s'opposa à la latinité agressive. De même, vue sous l'optique de l'évolution des mentalités qui marque le déclin du xne s., la chute de Constantinople apparaît comme salubre pour l'Empire, pour la reprise de l'esprit de lutte. Voilà comment, suivant toujours la pensée de l'auteur, on en arrive à la « grande idée aux accents chauvins » qui est « née comme une réplique à l'impérialisme chrétien de l'Occident et non contre les Turcs ». Toutes ces assertions, marquées d'un raisonnement personnel, méritent une sérieuse méditation et une attention particulière. Elles nous paraissent logiques et expliquent en grande partie les contradictions qui ont conduit à des jugements diamétralement opposés sur les époques de grandeur ou de misère de l'Empire byzantin au cours de son histoire millénaire. Nous ajouterions cependant que face à l'agression latine il y avait plus qu'une sorte d'antagonisme entre la capitale et la province. Les Byzantins réagissaient chacun selon sa condition sociale — position soulignée par Mme Ahrweiler — et surtout en ce qui concerne les Turcs ottomans.

381

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw