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La contre offensive des "anti-corps"

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Année 1978 42 pp. 47-54
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LA CONTRE-OFFENSIVE DES « ANTI-CORPS »

Sous ce titre délibérément provocateur, nous voudrions essayer de démontrer qu'au moment même où l'on parle volontiers et dans de multiples secteurs de « réhabilitation du corps » — terme auquel nous préférons celui d' « exhumation », car à l'horizon de l'histoire de l'Occident nous n'apercevons aucune époque dont on puisse affirmer qu'elle a authentiquement « habilité » le corps — on voit poindre des réactions de défense, sinon de rejet qui, si elles prenaient quelque consistance, nous feraient retomber sous l'empire du dualisme, de l'intellectualisme et du parolisme.

Le désir de rédiger cet article nous est venu de l'audition récente (4-11-1977) d'un exposé critique sur les « nouveaux groupes de formation » présenté par Jacques Ardoino, maître de conférences à l'Université de Paris VIII (Vincennes), bien connu dans les milieux pédagogiques depuis la parution en 1963 de son remarquable ouvrage « Propos actuels sur l'éducation » (1) et de la lecture plus ancienne des productions de deux professeurs d'éducation physique et sportive (E.P.S.), Daniel Denis, l'auteur du «Corps enseigné» (1974) et

surtout Jean-Marie Brôhm, l'auteur de « Corps et politique » (1975) et de « Sociologie politique du sport » (1976).

I. — Examinons d'abord les thèses de J. Ardoino en qui nous repérerons un des porte-drapeau du mouvement psycho-sociologique français en général et un des spécialistes du groupuscule des « formateurs » reconnus en particulier. En guise d'exergue, l'orateur ne craint pas d'affirmer qu'il voit dans ces nouveaux groupes (rencontre, bio-énergie, gestalt-thérapy, potentiel humain...) « l'occasion d'une nouvelle mystification ». Son argumentation — assez proche de celle qu'il a développée dans un long article de la revue «Pour» (2) intitulé «Prendre corps : incarnation ou réification » — se déroule en trois volets que nous allons schématiquement rappeler.

De même que la sensibilisation et la formation aux relations humaines ont été un phénomène de mode — on a pu parler d'une « toxicomanie » du training-group — de même ces nouveaux groupes sont à prendre comme un « phénomène de mode » et un « avatar de la psychosociologie ». Nous vivons une époque où le corps devient un « phénomène fascinant » qui « fait irruption » dans la vie quotidienne. Deux manifestations particulièrement significatives de cet avènement sont à pointer : « l'explosion du nu et les revendications sexuelles ». Le nu nous provoque avec une impudeur qu'ignore le véritable naturisme et emprunte de multiples supports : l'affiche, le cinéma porno (où il veut faire scandale), le « streaking » (où il se veut expression politique)... Quant aux revendications sexuelles, elles sont radicalement posées par des mouvements révolutionnaires tels que le F.H.A.R., le M.L.F. ... On se trouve ainsi face à une « démocratisation de la dolce vita, du diable au corps ». L'explication de ces faits est simple : après la censure bimillénaire que lui a imposée la « culture chrétienne » mais aussi le « rationalisme laïque », l'homme éprouve le besoin de retrouver son corps, de le redécouvrir et cette « réhabilitation du désir » fait penser à la « Renaissance humaniste » qui, elle aussi, fit transgression au XVe et XVIe siècles.

Le corps lui-même n'est jamais atteint, c'est un corps « redéguisé » qui évolue dans ces nouveaux groupes et la « mise en scène du corps » peut être « campée en trois scénarii ». C'est d'abord le corps « façonné et même sophistiqué (par l'organisation sociale) à des fins de production ». Comme l'ont montré D. Deleule et F. Guéry (3) on se situe dans « l'optique de l'efficacité industrielle donc de la rentabilité ». On peut parler d'une « socio-technique » par analogie avec la « Psychotechnique ». « Les capacités énergétiques du corps sont captées pour lui donner la possibilité d'entrer dans les corps sociaux, pour obéir aux normes sociales. » On peut évo-

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